Aléa : Pour la paix

Shiroi Ehei

Pour la paix
白い衛兵

Au cœur de la cité immaculée, sommeillent des Sentinelles endormis. Témoins des âges passés, elles guident les innocents de leurs mains éclairées. Ces vigies inanimées inspirent les fidèles, et arborent la haine. Porte-drapeau d’une paix idéale, elles dessinent la voie de la Félicité. Les visages se tournent vers l’Unique, le porteur de la balance. Le mot Justice résonne dans la nef, et trouve un écho dans le marbre blanc. Les étoffes se dévoilent, apportant quelques couleurs à l’édifice. L’ivoire se teinte peu à peu de bleu, et la scène épurée découvre quelques dorures. Ainsi, la Shiroi Ehei (白い衛兵, Garde Blanche) se pare de ses plus beaux atouts et attend ses membres patiemment.

Pour parvenir à ce paradis blanc, vous vous enfoncez lentement dans les profondeurs du Seireitei. Sa cour n’est plus qu’un vague souvenir, seuls les escaliers nivéens demeurent. Par endroits, les flammes azurées laissent éclater leurs beautés opalescentes. Vous ne pouvez qu’être charmé par ce décor à la fois raffiné et plein de sobriété. Vous le comprenez très vite, mais à cet instant, Chowa s’offre à vous. Avec une certaine pudeur, elle vous ouvre ses portes les plus secrètes.

Arrivés au bout de cette longue descente, vous découvrez une salle digne des Grands Architectes. L’espace n’est pas seulement grand, son architecture l’est aussi. La voûte qui vous surplombe, est d’une douceur infinie. Ses courbes accueillent votre regard et le caresse. Quant aux arches qui la composent, elles se succèdent et se répondent telle une mélodie oubliée. Les piliers, eux, se dressent avec fierté et se mêlent à l’humanité. Leurs traits sont nobles, et pourtant, ils semblent si communs. Ses veilleurs vous désignent comme leur héritier.

Vous trouvez rapidement votre place, dans l’ombre de votre Ambassadeur. Et pour la première fois depuis sept ans, onze représentants font face au Chœur. L’animation est palpable, une convocation est rare. Les rumeurs enflent, se propagent, saisissent l’assemblée et brisent le silence solennel. Tous se demandent pourquoi le Gaimu Daijin (外務大, ministre des Affaires étrangères) souhaite leur parler.

Soudain, trois coups se font entendre. Tel le tonnerre, ils frappent les consciences et leur imposent le calme. Puis, le rideau se lève. Les velours révèlent alors les puissants. Le Préteur et fondateur de l’Institution, Naruhito Isshin, se présente humblement, d’une courte révérence. Sans s’attarder, il rejoint son assise et se fond avec le décor. Bientôt, il est remplacé par Nara Kazuma. L’homme vous est peut-être étranger, mais c’est lui dirige les Ambassades depuis leur création. Jamais il n’a failli à sa mission.

Mes amis, bienvenue. Cela faisait longtemps, je suis heureux de vous revoir.

L’année fut difficile. Nos rivages ont été attaqués, nos concitoyens balayés et l’Humanité a bien failli être éradiqué. Malgré tous nos efforts, ce sont nos alliés qui ont abattu l’ennemi. Notre volonté, nos sacrifices, nos espoirs, n’ont pas été à la hauteur de l’instant. Je le regrette.

Ne vous méprenez pas, je ne vous fais aucun reproche. À mes yeux, vous avez tout fait, et je vous en suis reconnaissant. En vérité, je suis le seul à blâmer. Je n’ai pas su préparer notre Maison à un tel cataclysme. Mon manque de clairvoyance a coûté la vie à bon nombre de nos frères et de nos sœurs. C’est pourquoi, je vous annonce ma démission.

À peine ses mots prononcés, que le chaos s’immisce dans la pierre et prend en otage toute la salle. La surprise est totale, et tous souhaitent exprimer leur désarroi. Les sons se chevauchent, se percutent et se noient dans le nombre. Le brouhaha s’impose, écrase les timides et encourage les téméraires. Bientôt, il ne reste plus qu’une liturgie informe, mêlant colère et tristesse. Les émissaires pleurent leur chef déchu, et les diplomates crient au complot. Vous comprenez alors la popularité de ce visionnaire. Le poste de Gaimu Daijin n’est pas offert à tous, il est réservé aux meilleurs d’entre tous.

Lorsque l’ancien lève finalement sa main, en signe d’apaisement, la foule retient son souffle. Son autorité fait loi, et laisse de nouveau place au silence.

Mais avant de vous quitter, mon devoir m’impose une dernière mission. Les générations futures ont besoin de vous, de vos connaissances et de vos expériences. Les former devient urgent. Notre champion, Inuzuka Jotaro, l’a démontré à maintes reprises, nos successeurs sont là, à nous de les guider. Notre institution est vieillissante, une profonde réforme doit être mise en place. J’ai donc chargé chaque Ambassadeur de penser l’avenir. Chacun pourra partager son avis et ses idées, et dans six mois, une décision sera prise.

Il ne vous a pas échappé non plus, que notre monde est en péril. Je ne parle pas seulement de la menace que représentent les Bijuu, l’Humanité porte elle aussi son lot de ténèbres. La guerre gronde, tout autant que la misère. L’Abondance déploie ses ombres et pervertit les innocents. La Ruine se tourne vers l’espérance, et défie le Feu et la Terre. Les attentats se multiplient, embrasant le Continent d’une flamme nouvelle. Ainsi, la Garde Blanche ne peut plus se contenter de son bouclier salvateur. Elle doit dès à présent suivre l’exemple de nos confrères Garanjin.

Mais rassurez-vous, demain, vous ne serez pas seuls. Aux côtés de Garan, un nouvel Etat s'est rangé sous notre bannière. L'Érudition partage désormais notre vision, et saura nous épauler durant les batailles à venir !

Alors, serviteur de la Paix, je vous appelle au combat. Lever vos armes, chasser les ténèbres, apporter votre égide aux démunis. Pacifiez ce Continent avant qu’il ne se détruise. Éclairez la voie aux innocents. Offrez leur un refuge, et protégez les à tout prix. Car c’est cela notre mission !

治乱

SI VIS PACEM…
La révolution est en marche

Dans l’ombre de son Ambassadeur attitré malgré lui – le « Champion » Inuzuka Jotaro –, Uhen écoutait attentivement les dernières paroles du Ministre des Affaires Étrangères. Ce dernier, le cœur lourd de remords, et ce depuis l’apparition cataclysmique d’Idō-Shima, avait décidé de jeter son tablier au sol, et de laisser les générations du futur reprendre le flambeau de la Paix. Un acte désespéré, lâche, et terriblement dangereux, qui pouvait sublimer l’avenir du projet de Chōwa… comme le plonger dans les ténèbres.

En silence, l’enfant de l’os, sous les traits de « Seiran », promena son regard aux alentours, d’un Ambassadeur à l’autre, examinant le fleuron du Seireitei. Il s’empêcha de juger ces personnes, qui étaient autrefois ses ennemis – de par sa vocation de terroriste –, et s’autorisa à croire en l’espoir et l’alignement de leurs idéaux.

Chōwa était la clé de voûte de Son projet.

Toujours rangé derrière son supérieur hiérarchique, le Kaguya prit enfin la parole, mais à voix mi-basse, intimiste, pour ne pas déranger les autres sphères de pouvoir. S’il y avait des propositions à transmettre aux autres, alors le Champion allait devoir parfaire son rôle de porte-parole.

— Un ami m’a dit : « Si tu crois en la force, je crois au savoir. » ; et je pense maintenant qu’il est nécessaire d’adopter les deux. Cette époque est tumultueuse, et abhorre l’entre-deux. Nous devons agir vite, et fort, pour repousser l’Abondance avant que ses tentacules ne se propagent trop loin. Certains secrets devraient le rester.

Les seules informations à votre disposition concernent les autres branches du réseau criminel. En effet, sur le Continent, existe des lieux où le produit est vendu, transformé et stocké. Cela peut servir pour des missions futures au nom des Ambassades. — Arrangement

Aux yeux du balafré, la configuration de l’époque était vouée à l’échec. Le monde était trop gris pour permettre à la paix molle de le clarifier. Il fallait se retrousser les manches, et plonger ses mains dans la merde et dans le sang. Par chance, quelques semaines plus tôt, il avait appris davantage sur le trafic de sang Sarutobi.

— Je ne suis émissaire de ton Ambassade que par défaut, et j’ai pour projet de rallier l’Eau, mais la situation exige ma collaboration. Je crois en une phalange puissante, zélée, et soudée. Un fer de lance capable de trancher les ténèbres. Grâce à mon action, la Garde Blanche connaît l’emplacement de nombreux repaires criminels exploitant les secrets du sang Sarutobi. Nous devrions donc frapper fort. J’ai longtemps traqué, pillé, tué. Et je pense sincèrement que cette part sombre peut trouver sa place dans l’ombre du Seireitei.

Des Ombres Blanches.

— J’ai pour vocation de créer une organisation chargée d’assermenter les criminels du Continent pour leur faire emprunter le chemin de la rédemption. Ces fous, ces dangers, ces hors-la-loi, ont les compétences pour se salir les mains. Certaines personnes sont trop dangereuses pour être laissées au confort de l'oubli. Et nous pouvons facilement ranger les créatures de chakra dans cette catégorie.

« Seiran » croisa ses bras, et examina à nouveau les acteurs de cette réunion privée, en train de se confondre en messes basses. Entre volonté de bien faire, respect d'un agenda politique, bien-pensance, et surprise, un véritable melting-pot de personnalités avait pris place. Quel Ambassadeur allait l'emporter sur l'autre ?

— Je compte apporter cette nouvelle couleur à la palette de Chōwa. Et, si possible, la gérer. Mais, si ton instinct croît en ce projet… je suis prêt à t’en laisser le monopole. Après tout, on ne peut rien refuser au Champion.

Autrement dit : il pouvait décider du futur de la Garde Blanche.

— J’ai quelque chose à faire, au pays, en lien avec la Paix. À mon retour, j’irai demander tes services, à Hametsu. Il existe un avant-poste criminel, non loin de Tsubomi. Outre notre coopération contre les Sigillaires, ce serait notre première mission officielle. Et puis, Kaida commence à manquer à Kiribukai.

… PARA BELLUM

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Émissaires
Aléa

Pour la paix

Aléa - Les ambassades

Issei était petit, mais dans les confins du Seireitei il se sentait minuscule.

Suivant avec application l'ambassadeur nouvellement élu, Jotaro, il utilisa tout le temps de la marche à admirer les décors et ressentir toute la force dans les murs, les sculptures et la symbolique autour de la Paix. La vraie. Hochant lentement la tête, il prit connaissance de la foule qui se massait, bien catégorisée pourtant en onze rangs plus ou moins serrés. L'organisation dépendait d'un chef, chacun avec ses méthodes... Il joua alors à ressentir les gens. Petit être, il poussa ses sens de Chinoike vers chaque groupe pour évaluer leur stress, leur excitation, leur peur ou leur colère dans ce moment. Il était un émissaire, une poussière dans la machinerie de l'Harmonie, mais une chose était sûre : Ce genre de convocation était rare.

C'était donc un moment unique.

Venu pour accompagner les Jumeaux Kaguya, il avait reçu la missive et prit plaisir à la coïncidence de l'existence. Attendant quelques jours que l'Inuzuka arrive, il avait pris contact pour arriver avec lui dans la capitale et descendre dans les tréfonds, le jour J. Il faisait parti de cette nouvelle ambassade, puisque Hametsu l'avait marqué : Tout était à reconstruire et c'était parfait pour cet enfant qui avait, d'une manière ou d'une autre, pris un nouveau départ. Et quel départ !
Des coups, le calme et deux hommes qui surviennent : Le premier se fait discret alors que le second prend la parole, grand et autorité. Son discours est pourtant paternaliste, commentant les récents événements qui avaient ravagés la côte... Prenant la chose sérieusement, il choisi donc de rendre la main à une nouvelle génération. La grande réunion avait donc un but fixe : Donner une nouvelle direction, portée par de plus jeunes pacifistes. Clignant des yeux, Issei ressentit l'importance historique de la chose. Pour autant, il ne pouvait y prendre part : Il avait huit ans et n'était qu'un émissaire. La parole allait être au Champion, Jotaro.

La voix de Uhen fut néanmoins plus rapide : La force au service de la paix. Le Mizujin connaissait la position de son presque frère. Il observa donc l'homme aux cheveux blancs indiquer son plan et surtout justifier sa position auprès du Champion. Certains criminels devaient être punis. Il avait vu ce que les enfants de l'os avaient fait à Elin. Il n'était pas friand de la manière brutale, mais il fallait bien donner quelque chose à cette stratégie : Elle était efficace. "Endurcir la paix, adoucir l'Eau." Ce rassemblement était l'occasion rêvé pour Uhen et Issei prit du plaisir à voir cet homme qu'il estimait avancer ses pions... Kiri devenait de plus en plus réalisable avec chacune de ses syllabes, et si ici il montrait la chose comme une troupe de tueurs à utiliser, l'enfant savait la volonté de l'autre côté du voile.

Ou croyait la connaitre.

- Si en face, ils bougent, alors il faut changer aussi... Si Ame se développe et que les terroristes deviennent plus violent, il faut changer nos méthodes. Soutenir le plan, toujours. L'ultra violence n'était pas son fort, mais parfois il n'y avait pas le choix... On a dû se battre contre plus fort que nous, mais nous avons été rassemblé pour l'Humanité, c'est donc possible. On peut continuer sur cette voie. La paix est possible, avec nos efforts. Son projet à lui n'était pas lié à ça : Il supportait Kiri, il supportait Uhen et il désirait au fond de son cœur stopper les guerres par la diplomatie. Cependant, ses yeux allaient vers les horizons inexploré : Shimo, Seirei...

Les deux pouvaient se conjuguer, peut-être. Les souvenirs de Endo restaient dans sa tête : La béatitude du collectif dans le royaume des esprits, c'était ça la solution ? Serrant les dents, il se retenait d'annoncer la chose. C'était une illusion, comme tout ce qui pouvait venir de cette créature au masque qui attendait dans la forêt géante.

- Quoi que vous décidiez, je suivrais. Je crois en vous. De plus, il avait huit ans... Qu'est-ce qu'il pouvait vraiment dire pour s'opposer à des adultes ?

Sphinx. Yukio 021