C’est lorsqu’une bête est acculée qu’elle est la plus dangereuse. Ils feraient bien de tous se mettre ça dans la crâne, ces foutus tribuns de Kome, ces saletés de Senju … Tous enfaite. Sa colère devenait intense, la tension, palpable. Elle détestait devoir surveiller ses arrières en permanence, au cas où, elle ne se sentait jamais en sécurité. Il fallait que ça change, que les choses évoluent. Miyuki n’était pas du genre à faire du surplace. La jeune Kunoichi aimait aller de l’avant, comme elle l’avait toujours fait, finalement. Quand il avait fallu quitter Chowa sous la pression toujours plus oppressante des Ambassades, quand il avait fallu se réinventer chaque jour dans le pays de la pluie, ou encore copiner avec une secte afin de se planquer et d’être sûr de ne pas être entourée de vipère, elle avait fait le nécessaire. Toujours sur le qui vive, elle buvait son saké du bout des lèvres tout en surveillant les faits et gestes de la rue depuis sa position légèrement en hauteur. Assise le dos contre un mur de l’établissement sorti de terre il y’a peu, tout sentait le neuf, fait avec du vieux parfois, un bric à broc digne du Pays en ruine, qui ne l’était plus autant qu’avant. Un nouvel espoir, un nouvel essor, des possibilités infinies pour des individus comme elle, les mercenaires sans reproches.

On avait besoin de bras, autant pour des travaux simples, ou sa force était appréciée, que pour des missions plus délicates et létales, dans lesquelles elle excellait grâce à une volonté blindée, un sang froid digne de son surnom de « Yukihyou » (panthère des neiges ndlr), et une puissance de frappe redoutable au moment le plus propice, ou le plus désespéré –parfois synonymes.

Elle s’était taillé une part de choix au pays de l’abondance, Ame no kuni et son commerce juteux lui avait permis de survivre quelques temps à l’abri du besoin. Cependant, il fallait bien avouer que ses ressources s’amenuisaient comme neige au soleil, et qu’il lui faudrait rapidement remédier à cette situation si elle voulait honorer son loyer, ses charges et mettre de côté pour soudoyer, s’informer, se préparer.

Ce n’était pas elle qui avait lancé cette guerre. C’était eux. Et s’il fallait s’aliéner, s’affilier à des monstres, s’abimer à regarder l’abîme, sans jamais cligner des yeux, ni serrer des dents, elle le ferait. Sa vie tranquille avait été chamboulée. On lui avait volé ce qui lui restait de famille, et on l’avait privé de son pays. Elle était une paria, elle était maintenant une ennemie de sa propre nation. Elle avait appris par une lettre de sa mère, qu’elle n’était plus la bienvenue a Kome ; Que si elle voulait rejoindre la ville mouvante, elle devrait le faire en catimini, ou en force. Elle était recherchée, des avis placardés dans les coins à mercenaire et autres chasseurs de primes.
Est-ce que cela  avait rapport avec cet étrange sphère qu’elle avait conservé précieusement jusque la ? Pas la peine de trop réfléchir, elle devait d’abords s’occuper de sa survie, plutôt que du matériel restant le plus souvent superflus.

Depuis quelques temps, elle se rencardait dans ce bar ou elle avait son poste d’observation, un repaire de Kunaï-à-louer, le barman de nuit étant une des sources les plus fiables de la ville, et du pays, par la même. En tout les cas, il savait tout ce qu’il y avait a savoir sur le pays, ses habitants et son actualité.

- Oï Miyuki ! Fit-il en arrivant, elle était devenue une habituée et elle savait que secrètement, il attendait plus qu’un pourcentage de la paye comme rétribution pour ses services.

- Salut Kai, tu te doutes que je ne suis pas la pour la vue … Elle lui fit un clin d’œil, tandis qu’il passait derrière le bar.

- Oui oui, comme d’habitude, tu vas droit au but … T’es fauchée en ce moment ou quoi ?!

-  Je dirai que je suis pas large.

- T’occupes, j’ai ce qu’il te faut, un plan qui paye bien et qui peut mener vers des missions de longs cours, l’assurance de pouvoir être au chaud pour l’hiver, pas vrais ?

- Là, j’avoue, t’attises ma curiosité, je t’écoute.

Un nom, une adresse, une date et une heure. Voilà tout ce qu’elle avait pu tirer comme info à Kai, sans qu’il ne devienne trop gourmand. Parfois il faut savoir accepter de partir vers l’inconnu, sans vraiment savoir ce qui va se passer. De toute façon, elle n’avait plus peur. Ni de la mort, ni de la douleur, pas même de la disgrâce. Elle avait subit, tellement de fois, leur empire, qu’elle était maintenant paré pour le pire.

Marrant comme cette ville poussait vite, comme une traînée de champignons qui déployait ses spores, et gangrenait la terre meuble du Pays en ruine, qui ne faisait plus vraiment honneur à son nom.  

Les édifices de pierre et de métal s’organisaient en rangées bien ordonnées, comme des soldats au garde à vous. Elle avait faillit se perdre, demanda son chemin, jura quelques centaines de fois, avant de se retrouver là ou elle le voulait. L’usine du Nara.

- Je viens pour le boulot, qu’elle lâcha sobrement et sèchement à la femme à l’accueil, qui la fit s’asseoir sur un banc à l’entrée, tandis qu’elle-même allait quérir assistance ou compétence, selon.