Hakugaku no Kuni, le pays de l’érudition. Jotaro et Kaida observent la capitale depuis une fenêtre, leur donnant l’occasion de voir l’Ecole de la Guerre dans son ensemble. La ville avait véritablement un côté… moderne, à la fois dépaysant pour le chef du village de Hametsu, mais étrangement familier pour l’enfant du pays de la foudre qu’il était. Même si on était loin de l’excentricité de Kaminari, là où on a fait comprendre à l’Inuzuka que Hakugaku ne jurait que par l’efficacité et le développement. Alors qu’il patientait tranquillement dans l’ambassade, il s’imaginait déjà quelle architecture il pourrait bien s’inspirer pour reconstruire Hametsu.

« Ça fait du bien de sentir l’air frais. Peut-être qu’on devrait se mettre en contact avec les Senju et négocier la plantation d’arbres chez nous… » Jotaro a un léger rire avant qu’on ne l’interpelle, les personnes en charge de l’ambassade lui faisant signe de rejoindre une salle de réunion. En tant que membre de la Shiroi Ehei, il n’eu aucun mal à s’intégrer malgré son apparence aux antipodes du corps administratif. La réunion dura plus d’une heure, avec Jotaro qui faisait part du projet visant à organiser un salon d’exposition dans le pays de l’érudition.

« Cela fait 20 ans que les Ambassades se sont manifestées sur le Continent, formant un réseau de confiance entre les pays afin de garantir un jugement juste et neutre. Ce que je vous propose aujourd’hui, c’est de renforcer nos liens avec des pays tels que Hakugaku en mettant en avant ce qui caractérise leur pays, en montrant au reste du monde l’identité du pays de l’érudition. »

L’Inuzuka poursuit la réunion en présentant ses idées pour l’exposition, et il reçoit divers retours qui viennent peaufiner le projet. La réunion se conclut au bout de 2 heures, l’ambassade décidant de commencer à travailler sur les préparations pour transformer le grand hall en un salon capable d’accueillir les idées géniales du pays, ainsi que des invités de tout le continent. Jotaro, quant à lui, doit se diriger vers les différents acteurs qui pourront faire briller l’exposition. Et pour ce faire, il va falloir qu’il mette un pied dans le cœur de l’Ecole…


« Tu sais… c’est pas la peine de te faire un sang d’encre alors que t’as déjà rendu ton examen. » Jotaro était debout devant l’établissement, tapotant nerveusement le sol du pied alors qu’il n’osait pas cligner des yeux, attendant de revoir un examinateur de l’académie. Le jeune homme n’était pas illettré ou complètement stupide, après tout il avait pu faire ses armes au sein de son clan avant de partir vers l’adolescence. Mais jamais de sa vie n’a-t-il eu à passer des examens écrits… encore moins sur des sujets aussi complexes ! Ses voyages lui ont permis d’obtenir des connaissances sur la culture de différents pays, comme Garan, Chōwa ou Kaminari.

Mis à part les arts martiaux, Jotaro s’est posé la question de ce qu’il savait réellement. Alors pendant la rédaction il s’est lâché, notamment sur les détails sur comment il reconstruirait un pays en ruine (sans préciser que c’était de Hametsu qu’il parlait). Même s’il avait du mal à estimer les coûts, les chiffres et la logistique marchande, il était devenu expert dans le fait de diriger des hommes et comment aborder les chantiers. Au-delà de la construction de foyer, il a pu développer des puits, des champs… Son expérience de chef de village allait peut-être pouvoir briller.

Ou pas. Après tout, il était littéralement à l’endroit qui rassemblait les plus grosses têtes du Continent… Il espérait secrètement qu’ils ne seraient pas trop durs avec ses pauvres dessins d’architectes, qui ressemblaient davantage à des dessins d’enfants.

Tel un mouton noir, l’Inuzuka dénotait pas mal vis-à-vis des individus qui allaient et venaient de l’académie. A commencé par sa tenue modeste, une grande partie de sa peau visible, ses cicatrices et ses muscles… Il était clair qu’il attiré l’attention, de toute sorte. Comme ce groupe de filles qui jettent un oeil de temps en temps, à qui Jotaro salue de la main avec un sourire amical sur le visage, masquant le stress qui se cumule en lui. Kaida de son côté jouait avec un scarabée se baladant dans le coin, l’insecte attirant la curiosité de l’animal qui s’amusait bien à bousculer la bête avec sa tête. Le rituel des cents pas reprenait pour le jeune garçon, mais une masse plus grande que lui vint lui faire de l’ombre…

La voix profonde du géant surprenait l’Inuzuka, qui se stoppait et observait en retour le bonhomme qui se présentait à lui. Il était massif ! Bien plus grand que l’Inuzuka, mais ce qui marqua davantage la rétine de Jotaro c’est cette espèce de couche faite de bois qu’il avait sur la moitié du corps. C’est comme s’il était en partie fait de bois ! Un peu comme une marionnette… mais impossible que les marionnettes ne parlent, pas vrai ? « PUTAIN JO’ REGARDE ! Y’A UN CHAMPIGNON SUR PATTES ! » annonce la tortue alors qu’elle est bouche bée devant l’apparition d’un végétal sauvage. Jotaro arrache son attention, précédemment portée sur le géant, pour se centrer sur le champignon et « WOAH T’AS RAISON KAIDA ! ET T’AS VU LUI, IL EST À MOITIÉ EN BOIS ! » ; « QUOI ?! OH LA VACHE T’AS RAISON ! Mais il se passe quoi par ici ?!! »

La réaction extrême du duo n’était pas discrète, et ils alternent leur attention à plusieurs reprises entre le végétal bipède et l’homme de bois. Finalement, au bout de quelques secondes l’Inuzuka se ressaisit et il s’empresse de serrer la main du géant, allant directement lui attraper la main et en la secouant un peu légèrement avec des étoiles dans les yeux, sa journée totalement refaite par cette rencontre atypique.

« Je m’appelle Inuzuka Jotaro ! Je viens d’arriver à Hakugaku, et je pensais pas rencontrer des gens aussi uniques ! Même Kaida ma tortue est impressionnée ! » ; « J’avoue, chapeau. Je sais pas qui t’as retapé, mais il a fait le boulot à moitié HAHAHAHA » l’Inuzuka donne un petit coup de pied dans la carapace de la tortue, qui se retournait sur le dos et qui n’arrêtait pas de rire. « Soit sympa Kaida ! » ; « Sinon quoi ? Il va me montrer de quel BOIS il se chauffe bwhahahaha ! »

Dans un long soupir, Jotaro lâche la main de l’Akimichi et présente en partie la raison de sa présence ici : « J’attends les résultats de mon examen. C’est la première fois que je fais un truc dans le genre, donc je stresse… mais j’ai confiance dans les connaissances que j’ai acquises sur le terrain ! » dit-il en montrant son biceps épais, avant de le claquer avec sa main opposée dans un sourire fier. « Et toi t’es du coin ? T’es le premier que je croise qui est aussi imposant ! T’as l’air d’être un sacré costaud ! »

La journée s’annonçait longue.

Une véritable symbiose s’opérait entre les rires de la tortue et du champignon, l’excitation de Jotaro et… les larmes de Dodoro ?? En tout cas l’embrassade avait bien surpris l’Inuzuka et Kaida, le premier agréablement surpris tandis que le second avait la sensation d’être compressé contre autant de muscles. La tortue témoignera dans les jours qui suivront « sans ma carapace, je ne sais pas comment j’aurais survécu… » mais ça c’était une histoire pour une autre fois. Face au flexing de l’Akimichi, digne des plus grands culturistes, Jotaro riait aux éclats alors qu’on lui demandait de quel examen il parlait.

« Haha non je suis pas sûr que tous aient besoin de passer le moindre test pour être ici, mais disons que c’est l’occasion pour moi de montrer ce que je vaux et éventuellement rencontrer des experts dans le domaine que je recherche ! » les présentations faites, Jotaro se sentait de plus en plus détendu comparé à toutes ces longues minutes d’attente en solitaire. Avoir quelqu’un avec qui parler, c’était le mieux qui pouvait lui arriver sur le moment ! « La Capitale-mobile ? Wow c’est vachement impressionnant ! Je saurais même pas par où commencer avec un tel projet ! »

« C’est la première fois que j’entends parler d’un végétal qui parle, tu dois être unique en ton genre, le champignon ! » il est vrai que ce n’est pas n’importe où qu’on peut rencontrer tel spécimen, même quand on vient du monde Inuzuka. Serait-ce une création des Senju ? Et si c’était le cas, comment était-il capable de communiquer avec le langage des hommes ? Tant de questions et de mystères. Lorsque le champignon expliquait que l’Akimichi était à la recherche d’expérimentation, pour des constructions, le regard de L’Inuzuka s’illumina alors qu’il fit un pas en direction de Dodoro.

« Vraiment ?! Je suis moi-même un constructeur qui essayes de reconstruire Hametsu, et je suis à la recherche d’experts pour m’aider dans mon projet ! Tu m’as l’air d’être l’homme de la situation Dodoro ! » ; « Doucement Jo’, tu vas vite en besogne. Reprends depuis le début. » rappelle Kaida à l’attention du garçon. Laissant un peu plus d’espace à ses interlocuteurs, Jotaro éclairait sa voix avant de reprendre : « Kaida à raison, il vaux mieux que je me présente totalement : ça fait plusieurs années que j’aide les habitants de Hametsu, que ce soit avec de la protection, de l’apport alimentaire, la construction etc… Aujourd’hui la population est prête à se relever des ruines du pays de l’Herbe, et c’est pour ça que j’ai en partie décider d’aller à la recherche de collaborateurs. Je crois sincèrement que Hametsu deviendra la pierre angulaire qui impactera, en bien, le reste du Continent, et c’est pour ça que j’ai déjà derrière-moi plusieurs investisseurs qui croient en ce projet. »

«… t’aurais peut-être dû devenir vendeur immobilier finalement… » ; « Avec un talent tel que toi, je suis certain que le projet sera une réussite ! Bien sûr, si tu as besoin de la moindre chose, je serais ravis de t’écouter et voir si je peux t’aider, si c’est dans mes moyens bien sûr ! »

On ne perd rien à proposer…

C’est dans les endroits les plus improbables qu’on pouvait faire les plus belles rencontres, et c’est ce genre d’expérience que vit Jotaro en ce moment même alors qu’il fait face à la passion ultime de Dodoro. Les yeux écarquillés, Jotaro faisait un demi pas en arrière alors qu’il laissait les paroles de l’Akimichi le traverser, ses mots aussi limpides que l’eau clair alors que l’Inuzuka tremblait face au flux d’informations et d’images qui ressortaient de son esprit, son cerveau faisant le traitement de données en temps réel alors qu’il considérait toutes les étapes, ainsi que les outils : les alliages de métaux, l’étude de terrain, les expérimentations… Tout se connectait au sommet du crâne de Jotaro, qui semblait avoir une épiphanie alors qu’il anticipait les prochaines paroles de Dodoro, l’impatience sur le bout des lèvres…

Jusqu’à ce que Banado interrompt l’Akimichi, et que Kaida saute pour mettre un coup de patte derrière la tête de l’Inuzuka, le sortant de sa transe. Ca prend quelques instants à Jotaro de se remettre, un temps que Kaida utilise pour acquiescer face au champignon en prenant un air sage et compréhensif : « Je te comprends, j’étais moi aussi pénard jusqu’à ce que je me sente obligé d’aider le p’tit, qu’est-ce qu’il ferait sans nous les humains j’te jure ! » Jotaro relève un peu la tête, de nouveau en pleine possession de ses moyens avant qu’il ne sente la grande paluche de Dodoro sur sa tête, visiblement conquis par son projet. Les yeux émerveillés, l’Inuzuka passe ses bras autour de la ceinture de l’Akimichi pour le soulever dans une embrassade amicale, sautillant sur place alors qu’il avait le sourire d’une oreille à l’autre.

« C’est incroyable, je sentais au fond de moi que je pouvais te proposer un tel travail ! » reposant Dodoro sur ses pieds, il posait sa main sur son épaule et montrait du bout de son index un large bâtiment au loin, dans la capitale de Hakugaku : l’ambassade. « Avec un tel ingénieur à mes côtés, Hametsu renaitra plus grand et plus fort que jamais ! Nous allons construire un hopital comme le seul qui existe dans tout le Continent, nous allons faire des routes qui permettront aux gens de se déplacer librement et réaliser du commerce, et nous ferons une ambassade pour être sérieusement reconnu par les autres pays du Continent ! Ensemble, Dodoro, nous accomplirons un exploit jamais fait jusqu’à présent ! »

De nombreux pays sont nés puis ont disparus avec le temps, mais combien d’entre-d’eux peuvent annoncer fièrement avoir renaquit de leurs cendres ? Sans parler de la position avantageuse du pays au sein du Continent, qui ne pourra pas aisément détourner le regard ni leur ambition s’ils souhaitent intéragir avec la face occidentale du monde ! Le poing serré, alors que la fièvre traverse le jeune Jotaro, qui se met petit à petit à avoir des larmes aux yeux, annonçait avec fierté : « C’est décidé ! Akimichi W. Dodoro, je fais de toi le maître ingénieur de Hametsu ! Je remet le sort de mon pays entre tes mains ! Et je sais que je prends la bonne décision ! »

C’était donc ça, la résonance. Entre Jotaro et Dodoro se trouvait un nombre incalculable de liens qui les ramenaient sur les mêmes projets, les mêmes ambitions, les mêmes rêves. Si Kaida et Banado ont chacun trouvé un semblable à travers l’autre, c’est bel et bien la réunion entre frère de coeur qui se réalisait sous les yeux, alors que deux hommes touchent du bout des doigts la substance la plus belle et la plus puissante qui puisse exister : la mise en branle d’un tout nouveau projet. Un univers entier de possibilités s’ouvre devant eux, il ne reste plus qu’à faire un pas ensemble… Jotaro, fier de l’intérêt que porte l’Akimichi vis-à-vis des ambassades, s’éclaircit la voix afin de lui répondre :

« Les ambassades sont plus qu’une référence morale à travers le Continent, c’est la concrétisation d’un rêve, d’un but commun entre les hommes et les femmes qui se dirigent main dans la main vers un monde plus juste, plus sûr. De l’utopie jusqu’au réalisme, les ambassades restent la voix qui rejette la guerre, et embrasse la paix ! C’est une véritable plateforme de la diplomatie, une pierre angulaire qui peut permettre aux pays à régler leur différend autrement que par les armes, autrement que par le sacrifices… Tu comprends Dodoro ? Les ambassades font partie de l’avenir du Continent. »

Bien sûr, que l’Akimichi soit intéressé ou pas n’avait pas d’importance, puisque l’annonce de l’Inuzuka qui faisait de Dodoro l’ingénieur en chef de Hametsu avait déclenché quelque chose dans l’Akichimi. Quelque chose de si fort qu’il ne pouvait s’empêcher de tomber à la renverse. Jotaro fait un pas vif en avant, rattrapant dans ses bras le géant pour l’éviter la grande chute, le secouant légèrement pour tenter de le sortir de son état de choc : « DODORO ! N’abandonne pas, je te tiens ! » ; « Putain Jo’, tu me fous tellement la honte… » véritable facepalm de la part de la tortue, Banado rejoint le bal en faisant preuve d’amour et de camaraderie en tabassant l’Akimichi.

Sans faire de manières, Jotaro passe le bras de Dodoro par-dessus sa tête avant de complètement basculer le grand gaillard sur son dos, pour le porter. « Ne t’en fais pas ami champignon, je l’emmène directement à l’ambassade pour qu’il se fasse une idée de l’architecture ! » ; « Inuzuka Jotaro ? Voici les résultats de votre exam… » essaye d’intervenir un intellectuel de l’école, avant que Jotaro ne commence à courir à grande vitesse à l’opposé de l’école « Je vous laisse transmettre les résultats à ma tortue, merci pour votre travail !! » disait-il, alors que sa voix s’éloignait de plus en plus. L’homme qui tenait les bouts de papiers tournait lentement son regard en direction de la tortue et du champignon, Kaida tapant sa tête contre le marbre par terre, un long soupire échappant sa mâchoire.

« … J’aurais pas dû le laisser prendre autant de coups, il a plus de cervelle c’est pas possible… »