L'École de Guerre. En voilà un triste nom pour le phare de la science sur le Continent. Déjà que certains badauds avaient du mal avec certaines avancées majeures dans le domaine scientifique, ayant peur que les chimères et autres armes de destruction n'abattent leur courroux sur leur pays, alors donner un nom signifiant la formation de soldats pour une potentielle armée, c'était un peu osé. Je ne sais pas, ils auraient pu appeler ça École de la vie féérique ou École des scientifiques, en fait, tout simplement. Mais bon, dans mon voyage vers le Pays du Fer, et lors de mes escapades clandestines à Ame, j'avais été approché par une officine de la Kabbale, ces mystérieux alchimistes d'États, qui m'avaient intimé de rejoindre le Pays de l'Érudition afin de mettre mes talents à profit. Halte obligatoire pour pallier à ma pauvreté et ma mendicité évidente, je me rendais alors en direction des portes de la capitale.

Torse nu, tel un saltimbanque des rues, ayant vendu mon haori onyx pour me faire quelques pièces d'argent, je me décidais enfin à rejoindre les portes de la bâtisse, où visiblement, l'ambiance était tout autre. De nombreux scientifiques, aux longs manteaux, et aux allures hautes en couleurs, semblaient être les gardiens du passage vers le cœur de la cité. Une sorte de douane, demandant tout un tas de preuves quant à la régularité de chacun sur le territoire. Cette ville devait cacher bien des choses que le commun des mortels ne pourrait comprendre, ou, qui mises entre de mauvaises mains, pourraient s'avérer très dangereuses pour l'avenir même du Continent ; il était alors important de filtrer les entrées.

« Salut ! Moi c'est Akimichi W. Dodoro. Le "W" c'est pour Watanabe, c'était le nom de ma mère. Mais elle est morte à ma naissance, je l'ai pas connue. Alors. J'aimerais bien rentrer dans votre capitale, mais avant ça... Est-ce que vous avez pas un truc à manger ? »

Bien que le petit champignon pestât à mon égard, caché dans une de mes poches, la famine m'empêchait de réfléchir convenablement tant que je n'avais pas rempli mon estomac. Vous savez que l'estomac est directement lié au cerveau ? Tous les scientifiques de renom se doivent d'avoir le ventre plein avant de commencer leurs expérimentations.

Isolé dans son bureau précaire, l’écrivain s’essayait aux sciences. L’objet de son attention ? Sa fameuse « plume mécanique ». Usant des ressources de la Kabbale, il analysait les matériaux qui la constituait. Peut-être s’y cachaient-ils des secrets ? Néanmoins, il reconnut aisément le cuivre qui composait la « plume ». Quant au verre servant de réservoir, il ne fallait pas être un génie pour comprendre sa nature. Le reste n’était pas très compliqué. En réalité, la seule énigme résidait dans le fonctionnement même de l’outil. Comment pouvait-on contrôler la vitesse à laquelle l’encre coulait ? En effet, le Nara avait déjà tenté d’utiliser l’invention et cela s’était soldé par un échec : le papier étant noyé dans une flaque de liquide noirâtre. De plus, grâce à une loupe, il comprit que la plume métallique s’usait un peu trop vite. Pas autant que ses homologues naturelles, mais un peu trop pour devenir une alternative viable.

Frustré, Renpei se décida à quitter sa paillasse et à rejoindre le hall du bâtiment. Un peu d’air frais ne pouvait pas faire de mal. Pas après pas, il se rapprocha de la surface, trouvant son chemin dans ce dédale gargantuesque. Conscient des limites de son savoir, le fils de l’Ambassadeur se répéta à l’envie qu’il devait rencontrer un artisan ou un ingénieur. Ces hommes et ces femmes de talents, pourraient sûrement le guider dans ses recherches. Et à défauts, ils seraient capables de créer des copies de l’embout cuivré. Ce serait une aide bienvenue.

Enfin arrivé à l’étage principal, le jeune homme se laissa guider par ses pensées. Marchant avec automatisme, il se surprit lui-même quand il arriva à l’accueil dédié aux visiteurs. Quel était cet énergumène ? Pourquoi était-il ainsi vêtu ? S'était-il perdu ? Curieux, l’éphèbe s’attarda quelques instants. Décidément, l’Académie attirait tous les profils. Soudain, un léger mouvement inquiéta le savant. Que pouvait donc avoir ce gignolo dans la poche ? Un animal ? Une arme ?

Par acquit de conscience, Renpei s’approcha de l’homme au ventre vide. Il ne doutait pas du professionnalisme des douaniers, mais craignait un assaut surprise. Soyons honnête, le fils de l’Ambassadeur ne s’impliquait que pour une seule raison : un gain de réputation. Après tout arrêter un idiot, était un moyen sûr d’attirer l’attention des supérieurs.

Bienvenue à vous, Akimichi Watanabe Dodoro.

Délicatement, l’alchimiste posa sa main sur l’épaule de l’agent d’accueil. Ce simple geste était synonyme de : « Je m’occupe de lui, ne vous inquiétez pas ».

Veuillez vider vos poches et signer ses quelques formulaires. Après cela, je vous guiderais vers un repas digne de vous.

Sourire aux lèvres, Renpei se montrait le plus chaleureux possible. Même s’il avait confiance en ses capacités, il souhaitait retarder tout conflit avec ce bruyant tas de muscle.

Résumé:

Les regards. Visiblement, les douaniers du poste de contrôle avaient peu l'habitude de voir un géant musclé au torse nu se pavaner et demander l'asile. Bon, effectivement, dit comme ça, c'était plutôt compréhensible finalement. Mais loin de moi l'idée de vouloir faire du naturisme, j'avais seulement eu besoin de quelques sous pour me permettre d'acheter à manger, ils étaient loin les douze repas par jour du clan Akimichi, maintenant, je me contentais simplement de cinq repas. Ce qui était synonyme de famine pour une personne de mon gabarit et possédant mon appétit.

Bref. Le douanier face à moi semblait quelque peu décontenancé par ma présence, bégayant légèrement sur la marche à suivre, avant qu'un autre homme, plus charismatique et sûr de lui, ne vienne s'interposer, posant une main sur l'épaule de son homologue pour clairement lui dire de se casser d'ici. Il me souhaita la bienvenue, tandis que je lui montrais mon plus beau sourire, mon estomac criant à la mort dans le même temps. Il me demanda de remplir le formulaire, ce qui était une formalité. Je pris la petite plume mise à ma disposition afin de noter mon identité, la raison de mon passage ici et mes origines. Bon, j'allais quand même pas notifier que j'étais en fuite pour acte de terrorisme envers le Pays du Riz. Une accusation fausse cela dit, mais bon, l'histoire était bien trop longue pour que l'androgyne comprenne. Il me demanda également de vider mes poches, ce à quoi j'allais refuser avant qu'il ne me propose un repas dans la foulée. Désolé, Banado.

« Enfoi-... »

Mon acolyte champignonnesque sortit de ma poche, pris dans l'étau de mes gigantesques doigts, avant que je ne le dépose sur le petit pupitre face à moi. J'y déposai également le reste de mes affaires : quelques sous, des rations à moitié moisies enroulées dans une feuille d'hêtre, deux poings américains et mon plus précieux trésor, le Yukikoseki, ce matériau-organique que m'avait transmis Imono Y. Tetsumaru.

« Bon. Pour le petit champignon qui parle, ne vous en faites pas, il est inoffensif, c'est un peu comme mon animal de compagnie, une sorte de soutien émotionnel. »

« C'est moi que tu traites d'animal de compagnie, enfoiré ? »

Un grand sourire, et la paume mise sur la bouche de mon acolyte. Il fallait attendre le verdict.

Impassible, un sourire aimable sur le visage, Renpei tentait d’ignorer les palpitations de son cœur. Ce dernier semblait craindre le pire et se préparait déjà au combat. Ainsi, l’inquiétude croissait à mesure que le mastodonte bougeait les muscles qui lui servaient de corps. Toutefois, malgré toutes ses anticipations, l’inconnu se montra plutôt docile. Toujours en silence, le jeune homme l’observait et à mesure que ses yeux parcouraient sa chair, la curiosité s’intensifiait. Une telle masse ne pouvait être synonyme que d’efforts inouïs. Était-ce un éveillé ? Si oui, qu’elle serait donc ses pouvoirs ? La maîtrise de la chaleur, peut-être ? Cela expliquerait sa tenue estivale.

C’est alors qu’un miracle eut lieu. La menace que le savant redoutait, n’était en réalité qu’une petite créature de chakra. Surpris et émerveillé, il ne put retenir son enthousiasme. Les yeux pétillants de joie, il scrutait l’être végétal avec envie. Dans son esprit, mille tests et expériences se succédèrent. Un tel être était une aubaine pour la science, une source de savoir totalement inédite. Et dire que c’était ce gros badaud qui en était le propriétaire. Il fallait absolument récupérer ce champignon. Il était bien trop précieux.

Il… Il parle ! Mais c’est incroyable ! Co… Comment vous avez fait sa rencontre ? Un Calice, j’imagine. C’est tout bonnement… J’en perds mes mots ! Enchanté.

Hésitant, le Nara ne savait plus comment procéder. Ses priorités furent totalement chamboulées. Néanmoins, la lucidité ne tarda pas à s’imposer à lui. Avant d’étudier la créature, il devait forger une bonne relation avec l’inconnu.

Je me nomme Nara Renpei, je travaille ici en tant que chercheur. J’ai le sentiment que tout est en règle. Vous me suivez ? Je connais un restaurant, c’est moi qui paye.

Tandis qu’il s’apprêtait à guider ce Dodoro, l’écrivain fut captivé par les étranges reflets du minerai. Il marqua une halte pour l’admirer, s’y perdre pourrait-on dire. Puis, il secoua ses pensées et amena l’affamé vers son repas.

C’est un très joli caillou que vous avez là, je n’ai jamais connu pareille matière. Vous êtes mineur ? Pardonnez ma curiosité, j’ai du mal parfois à tenir ma langue.

Une fois arrivée à destination, le fils de l’Ambassadeur commanda un café bien noir et laissa son hôte se gaver à volonté. L’argent n’était pas un problème.

Qu’est-ce qui vous amène ici ? Vous souhaitez peut-être connaître l’avis d’un scientifique ? Avoir un tel compagnon est tout de même très atypique. Ou bien avez-vous de la famille ici ? Sachez que d'ordinaire, vous et votre ami devriez subir quelques tests médicaux. Pour savoir si votre santé est bonne, si vous ne représentez pas un danger pour l'Erudition. Mais j'ai bien compris que vous mourriez de faim, on pourra remettre ça à plus tard si vous voulez. Dodoro, c'est ça ? Je peux vous appeler ainsi ?

Le reste de la conversation prit des airs banals, comme si Renpei tentait de créer un lien, de découvrir les intentions du voyageur. Bien que maladroit dans les relations sociales, il était devenu un expert en dînette. Cela lui faisait au moins un point commun avec son père.

Résumé:

La tension était à son paroxysme. Je pouvais la ressentir, la peur et l'incompréhension dans le regard du scientifique face à ma présence. Bien qu'il ait remplacé son homologue déconcerté par ma manière de parler, et semblait plus enclin à me comprendre, il restait aux aguets. Après tout, il devait voir passer de sacrés phénomènes dans le coin, tentant de franchir cette frontière coûte que coûte pour accéder aux mystères cachés derrière ces murs.

Mais visiblement, l'ambiance avait radicalement changé lorsque Banado avait fait son apparition. Moi qui croyais qu'il allait m'attaquer immédiatement pour avoir ramené une créature de chakra dans le coin, l'androgyne resta bouche bée. Pour une fois qu'il me sauvait la mise, même moi, j'avais du mal à y croire.

« Oui, dans le Calice du Pays du Riz. Je n'y suis pas resté longtemps, mais il a insisté pour me suivre dehors, alors je l'ai gardé. »

Mon compagnon champignonnesque se retourna vers moi, le regard noir.

« Enfoiré, tu sais très bien que c'est toi qui m'as attrapé avec tes grosses mains sans me laisser la possibilité de m'échap... »

Ma main vint stopper les paroles de Banado. Pas besoin de nous enfoncer davantage. Déjà que sa présence ici était un mystère pour l'androgyne, je n'allais pas non plus lui révéler que j'avais clairement kidnappé cette créature pour avoir de la compagnie, espérant qu'il me serve d'homme à tout faire. J'avais vite compris mon erreur en voyant son caractère. J'aurais dû choisir l'autre champignon qui ne parlait pas.

Enfin, un Nara donc, le clan qui manipule les ombres. Impressionnant. J'avais pas mal de questions à lui poser, mais visiblement, il en avait encore plus. Mon estomac criait famine, et son invitation au restaurant ne tombait pas dans l'oreille d'un sourd. J'espérais qu'il avait beaucoup d'économies sur lui, car je comptais bien rattraper tous mes repas en retard, soit environ 364 repas, à peu près. Il posa quelques instants ses yeux sur le matériau que Tetsumaru m'avait fourni, avant de me guider vers le restaurant de l'École de Guerre. Il entama toute une série de questions.

« Alors excuse-moi de te couper. Monsieur... Ouais, ici... Alors je vais prendre, eh bien, tout ce que vous avez à me proposer en double ration évidemment. Ramenez aussi quelques racines pour le champignon là, il ne craint pas la faim, mais je le trouve un peu pâle dernièrement. Donc. Alors, pour être honnête, je me rends vers Tetsu, pour explorer le Calice du pays et remercier Tetsumaru pour son cadeau. Mais avant, je me suis dit que ça pouvait être une bonne idée de m'arrêter pour rencontrer... Et bien, toi en fait. Pas personnellement, mais j'ai besoin d'un scientifique pour m'aider à percer les mystères de ce caillou. Il semble qu'il puisse faire circuler le chakra, du moins j'en ai l'impression. En plus, il est hyper malléable et super solide. J'ai essayé de le croquer un jour où j'avais très faim, et je me suis brisé les dents. Mais bref. Tu peux m'aider ? Ou tu veux d'abord qu'on passe tes tests ? »

Mon regard ne s'arrêta pas sur Renpei, mais bien à la recherche du serveur afin de lui demander d'accélérer le mouvement.

Quelle fascinante créature, sous ses aspects simplets se cachait une complexité inouïe. Tant d’hypothèses à formuler, tant d’expériences à pratiquer, ces créatures de chakra étaient décidément des cobayes parfaits. Avide d’en savoir plus, le jeune homme observait le champignon. Quand ce dernier se mit à formuler une phrase complète, le savant ne put contenir sa surprise. Après un court cri, il se mit à rire. Quel caractère impétueux ! Qui aurait pu croire qu’un si petit être, puisse démontrer une si grande vigueur. Était-ce un trait propre à lui ou à son espèce ? D’ailleurs, était-il unique ? Ces questions brûlaient les lèvres de Renpei, pourtant, il les garda pour lui. Ce n’était pas encore le moment, il ne fallait pas effrayer la chose ou son maître. Une autre pensée vint alors à son esprit, la relation qui les liait, était-ce seulement un lien « amical » ? C’était tout de même étrange comme relation, surtout si elle avait pris racine dans un Calice.

Vint alors le temps de la commande. L’appétit du tas de muscle était quelque peu grotesque, mais à la hauteur de la réputation d’un membre du clan Akimichi. Était-il vraiment capable d’avaler toutes les quantités commandées ? Sans aucun doute. Cette idée fit naître une pointe de regret dans le cœur de l’éphèbe, peut-être avait-il commis une erreur en l’invitant. Toutefois, très vite, il se concentra sur les possibles profits d’un tel partenariat. Ce sacrifice était nécessaire.

Ainsi, la créature mangeait des plats communs ? Intéressant. Mais alors comment faisait-elle pour se nourrir dans les donjons ? Comment fonctionnait l’écosystème de ces lieux maudits ? Quelles règles régissaient l’existence de ses êtres ? D’ailleurs, en parlant de Calice, ce Dodoro cherchait à rejoindre celui de Tetsu. Peut-être que l’auteur pouvait lui indiquer le chemin. Après tout, il l’avait déjà visité jadis, et son corps s’en souvenait encore. Pour preuve, il suffisait de constater le frisson d’effroi qui tétanisait le moindre muscle de l’éphèbe. Néanmoins, ce souvenir détestable fut vite chassé par la perspective d’une nouvelle recherche. Une pierre, prêtée par la Shinigami en personne, et qui avait des propriétés hors du commun ? Comment y résister. Renpei devait en savoir plus, étudier ce matériel au potentiel infini était une priorité.

Ne vous inquiétez pas pour les tests, cela peut attendre. Si la grande Imono Tetsumaru vous fait confiance pour découvrir les secrets de cette pierre, je ne peux que vous prêtez main forte. C’est mon devoir de savant, je peux mettre à votre disposition mon labo si vous le désirez. J'ai déjà quelques idées... Est-ce que vous me permettez de la toucher ?

Mut par une excitation nouvelle, le Nara se jeta à corps perdu dans les négociations. Il devait être à l’origine de cette étude. Peu importait le prix, cette affaire était bien trop importante. Surtout si la meilleure samouraï était à l’origine de cette demande.

Finissez donc ce repas bien mérité. Après cela, je vous offrirais mes services. En échange de cet honneur, je pourrais vous guider vers le Calice du Pays du fer. Je l’ai déjà exploré dans ma jeunesse. Toutefois, je vous avertis, la mort hante ces couloirs, elle guette le moindre sot qui oserait s'y perdre. C'est un véritable cimetière.

C’est à ce moment-là que le café arriva, ainsi que les premiers mets tant désirés par le colosse. Quelque peu impatient, le membre de la kabbale n’avait qu’une hâte : commencer ses recherches.

Résumé:

L'appétit. Voilà que les premiers plats arrivaient à notre table, accompagnés d'un petit café, visiblement pour le Nara. Une surprise arqua légèrement mon sourcil. Il vivait tellement bien ici qu'il pouvait se passer de manger quand l'occasion se présentait ? Incroyable la vie d'Alchimiste d'État. Après tout, de mon petit périple, c'est peut-être ici que je m'arrêterais afin de rejoindre les rangs de la Kabbale, ça avait l'air sympa. La première cuisse de poulet fut engloutie en une seule bouchée, tandis que mes mains venaient attraper l'entièreté des plats pour les vider dans ma bouche gargantuesque, élargie pour l'occasion. J'écoutais avec soin les dires du scientifique, malgré mon allure brute, malpolie et grossière, la bouche remplie de bouffe jusqu'à ne plus rien pouvoir contenir. J'avais pourtant développé une technique spéciale, gonflant mes joues à l'extrême afin de mâcher la première partie des aliments pendant que je continuais à en mettre un peu plus dans mon bec. Chez nous, les Akimichi, manger était presque un sport national et Juro était toujours plus fort que moi à ce jeu, il me fallait de l'entraînement.

Bref. Visiblement, le champignon et mon caillou l'intéressaient tout autant que moi. Il est vrai que je m'étais habitué à la présence de Banado, comme celle d'un animal de compagnie ou d'un petit bonhomme qui me suivait partout. J'avais tendance à oublier que pour le commun des mortels il restait un être mystérieux aux secrets bien enfouis. Peut-être qu'il valait le coup d'être disséqué ?

« Essaie de m'ouvrir en deux et je te bute enfoiré. »

Ahah, je rigole. Enfin, on verra bien. Stoppant mon appétit insatiable, je vins mettre la main sur le matériau afin de le donner à l'androgyne.

« Ah oui, tiens, regarde. »

Effectuant un léger mudra, je vins placer ma paume sur le petit morceau de caillou, qui dégagea une étrange lueur bleutée, comme s'il captait mon chakra, voire même, s'en nourrissait.

« T'as vu ça, on dirait presque les matériaux utilisés dans les Calices, ceux imbibés de chakra pur et des connaissances des Anciens Architectes. Tu sais quoi, on va laisser le repas de côté, enfin, je vais tout mettre dans mes poches pour plus tard. Moi aussi, j'ai hâte de commencer les expériences. »

La discussion se tourna maintenant sur mon périple vers le Pays du Fer pour y arpenter les dédales piégés de son Donjon. Visiblement, le scientifique avait également eu des expériences au sein de ces lieux, et notamment celui de Tetsu, une aubaine.

« Super ! Je cherche justement des camarades pour m'y aventurer, alors la présence d'un scientifique ne serait pas de refus ! Après tout, j'y vais principalement pour faire des recherches ! »

C'est ce que j'aimais dire, histoire de faire le mec intelligent. Pourtant, il l'apprendra bien assez tôt, j'avais surtout envie de mettre mon corps et mes compétences martiales à rude épreuve.

Quelle voracité impressionnante. Cet Akimichi n’usurpait pas son nom, quelle bête affamée. Renpei n’était pas seulement surpris par les quantités avalées, la vitesse et la technique utilisées le fascinait. Un tel pouvoir, au service d’un usage aussi récréatif. Heureusement que le cannibalisme ne faisait pas partie des coutumes de ce clan ! Silencieux, l’écrivain se contenta de déguster son café. D’expérience, il savait que c’était la seule chose agréable dans le menu. Hakugaku no Kuni n’était vraiment pas réputée pour sa gastronomie.

Quelque peu sans voix face aux propriétés uniques du minerai, le Nara ne put dissimuler sa joie. C’était une découverte inouïe, surtout si le voyageur avait raison. Imaginer pouvoir construire des Calices, des armes ou des cités entières dans un tel matériau... Ce serait révolutionnaire et un atout sans pareil. Qui sait, cela pourrait même rivaliser avec les Bijuu eux-mêmes. Toutes ses possibilités donnèrent le tournis au savant. Et durant un instant, il douta de ses capacités. Était-il à la hauteur de ce rendez-vous de l’humanité ?

Je dois dire que vous avez piqué ma curiosité. Il faudrait rejoindre mon laboratoire pour essayer de mieux comprendre les lois qui régissent son fonctionnement.

C’est alors que le Watanabe fit une remarque déconcertante : il allait participer aux recherches ? Ce n’était pas qu’une bête de somme ? Les apparences étaient peut-être trompeuses. Après tout, les siens furent des bâtisseurs de renom, sublimer les ressources était leur point fort. Et puis, tout aide était la bienvenue, songea l’adulescent.

Suite aux propos de Dodoro, un frisson d’épouvante secoua l’échine du fils de l’Ambassadeur. S’aventurer une nouvelle fois dans cet enfer ? Était-ce nécessaire ? L’effroi resurgit du néant, emportant brièvement tous les espoirs de l’écrivain. Durant un instant, il entendit les cris, les pleurs et le silence de la mort. Toutes les émotions que jadis il rencontra dans ses terres maudites, revinrent le hanter. Bouleversé par ses réminiscences, il se mit à douter. Pouvait-il continuer sur cette voie ? C’est alors que ses ambitions vinrent écraser cette peur profonde. Il fallait se détacher de cela. Pour avancer, il devait peut-être de nouveau affronter ce Calice. Peut-être était-ce l’ultime étape pour s’affranchir de son passé. Dépasser ses limites, pour atteindre les sommets. C’est le refrain qui résonnait en lui, comme une prière pour éloigner la terreur passée.

Dès que le géant termina ses préparatifs, le jeune homme le dirigea dans le dédale urbain que présentait l’Académie. D’escalier en couloir, le duo s’enfonça dans des bâtiments de plus en plus austères. Le charme que pouvait dégager les étages destinés aux civils, s’était vu remplacer par une architecture pragmatique. Tout devait avoir une fonction et le surplus n’existait pas ici-bas. Bientôt, ils arrivèrent dans une grande pièce aménagée où se trouvait d’innombrables outils. Une telle variété tranchait avec la décoration sommaire, il était évident que la Kaballe avait investi tous ses fonds dans le matériel, plus que dans le décor. S’installant devant sa paillasse, Renpei eut quelques mots pour son invité.

Eh bien, bienvenue. Je sais que tout ceci semble un peu morne, mais on s’y fait. L’important, c’est que dans ses lieux, nous sommes libres d’explorer les limites de votre « cadeau ». Je pense que la première étape serait d’analyser la fameuse réaction que vous avez mise en valeur dans le restaurant.

Carnet en main, le savant hésita avant de donner ses consignes. Pouvait-il donner des ordres et mener cette étude ? Ou bien fallait-il davantage jouer la carte de la collaboration ? Peut-être que de simples questions suffiraient pour le moment ?

Si le minerai consume votre chakra au toucher, y arrive-t-il à distance ? Si oui, de combien de centimètres nous parlons ? Et si vous transformez votre énergie en technique, garde-t-il ses propriétés d’absorption ? Contre-t-il vos pouvoirs ? J'aimerais en savoir plus si cela ne vous gêne pas.

Résumé:

Expérimentation. Finalement, malgré nos très nombreux différents, que ce soit en terme de physique, d'appétit, de démarche, de phrasé, de goûts vestimentaires, de travail, de lieu de vie, d'argent, bref, tout un tas d'autres choses sûrement, nous arrivions finalement à nous trouver un point commun : l'avancée technologique. A en croire les étincelles dans ses yeux, il était sûr que l'androgyne avait compris toutes les possibilités que pouvait offrir ce matériau si nous arrivions à en percer ses mystères tout en trouvant un point d'extraction juteux. Mais là, c'était la seconde partiedu projet. Pour l'instant il fallait se concentrer sur ses propriétés exceptionnelles, pour en comprendre les tenants et les aboutissants.

Rangeant l'entièreté des restes de bouffe dans mes poches, je pris le temps de notifier au serveur du lieu que c'était à mettre sur la note du Nara. Une invitation ne se refuse pas voyons. Je suivais donc maintenant le scientifique dans les couloirs et différents dédales de l'Ecole de Guerre. Ouah. L'ambiance lugubre tout d'un coup, tout était devenu terne et morose, comme si la joie de vivre avait été laissé à la surface de la terre. Je comprends mieux les caractères froid et coincé des alchimistes. Nous arrivions enfin à destination, où une ribambelle d'outils en tout genre nous attendait. Visiblement, j'avais frappé à la bonne porte  et le Nara ne semblait pas usurpé sa place ici. Encore fallait-il qu'il sache comment se servir de tout ça.  

« Tiens, le caillou est à toi pour le moment. Je serais ton cobaye. Par contre essaie pas de me le voler, je déteste qu'on pique mes affaires. »

C'était un traumatisme d'enfance à cause de mon cadet qui voulait toujours piquer mes engrenages et mes outils. Je détestais ça et ça me mettait dans une colère noire. Mais bon, enfermé tous les deux dans une petite pièce comme ça, j'avais peu de doutes qu'il n'allait pas tenter l'impossible.

« Bonne question. Je dirais que ça reste dans une très petite zone, dès que je m'écarte je ne ressens plus les effets. Mais ouais effectivement il peu le faire à une très courte distance, je dirais entre cinq et dix centimètres. Après, est-ce que c'est dû à sa petite taille ? Un morceau plus gros pourrait avoir des effets sur mon chakra à une plus grande distance ? Je ne sais pas vraiment, c'est le seul morceau que j'ai en ma possession pour le moment. Pour ce qui est de la technique, même si je peux grossir mes membres à ma convenance, ça ne reste pas moins qu'un touché physique. Les Nara, vous maniez les ombres non ? Vas-y essaie pour voir. »

Plusieurs pouvoirs, pour plusieurs tests, c'était une bonne occasion de tout essayer pour comprendre les mécanismes de ce caillou si mystérieux.

Résumé:

De nouveau dans son milieu naturel, le savant semblait être l’esclave de son excitation. Le pas léger, il amassait son matériel et préparait avec hâte l’espace de travail. Il était évident que la situation le comblait de bonheur. Travailler sur un tel matériau, c’était véritablement une aubaine. Toutefois, Renpei se rappela les mots de sa mentor, il lui fallait retrouver son calme. Ce n’est pas dans l’émotion qu’un chercheur opère, bien au contraire.

Le vol ? Cette idée n’avait même pas effleuré son esprit. Peut-être parce qu’il craignait la montagne de muscle ? Ou bien, était-ce dû à son expérience. Le Nara savait que mentir, flouer ou abuser d’une personne n’était pas profitable sur le long terme. Il valait mieux capitaliser sur la confiance et l’honnêteté. Grâce à cela, le fils de l’Ambassadeur était certain d’amasser moultes faveurs. Ces dernières étaient toujours utiles dans ce monde fait de danger et de mystère. Bien résolu à continuer sur cette voie, l’éphèbe décida d’agir avec la même sincérité en présence de ce Dodoro.

Je vois… Merci.

Face aux révélations de son partenaire, l’écrivain songea quelques instants aux murs des Donjons Calices. Si l’analogie de l’Akichimi était vraie, alors ce minerai serait régi par les mêmes lois. D’expérience, il savait que l’effet d’absorption était limité au contact. En prenant de la distance avec cette étrange matière, le chakra de l’homme n’était plus perturbé. Confronté à cette idée, Renpei décida de se concentrer sur les faits et énonça quelques-unes de ses pensées à haute voix.

Bien, au vu des proximités entre votre roche et les parois d’un Calice, je peux avancer trois hypothèses. Premièrement, dans les deux cas, le chakra n’est bouleversé qu’au contact de la matière. Deuxièmement, cette propriété renforce la solidité de la matière, absorbant l’énergie de toute attaque dirigée contre elle. Enfin, plus l’énergie est intangible, plus l’absorption est facile. Il nous faudra les tester.

Le Nara cherchait à savoir s’il était possible d’amplifier les propriétés d’un tel objet. Il faudrait lui trouver un alliage ou un catalyseur, c’est d’ailleurs peut-être avec une telle méthode que les grands Architectes ont construits ses prisons infernales.

Je vais donc utiliser mes dons. L’objectif est d’évaluer la distance d’effet, la vitesse d’absorption et la solidité du matériau. De votre côté, quand j’aurai fini, attaquez-le. Mais attention, pas n’importe comment. Vous allez devoir lui donner un coup direct en utilisant votre pouvoir, puis le frapper de nouveau, avec la même force, mais en n'utilisant que votre corps. Je veux savoir s’il résiste mieux aux assauts dénués de chakra.

Après ces mots, l’auteur à succès s’exécuta. Ses mains se rejoignirent, puis dessinèrent une suite de signes aux traits animaliers. Sans attendre, son ombre sortit de son plan et se rapprocha de sa cible. Si au départ, elle ne sentit aucun changement, l’ombre commença à vaciller quand elle rentra dans le champ d’action de la pierre. Lorsque le contact eut lieu, la création perdit de sa superbe et ne t’attarda pas à fondre pour ne refaire qu’un avec le sol. Il réitéra l'opération en changeant quelques facteurs, la vitesse, la puissance de la technique, la distance. Si bien qu'empiriquement, il put établir une courbe retraçant les limites de l'absorption.

Idéal pour restreindre les éveillés et les emprisonner, s’en est presque effrayant. Bref, passons. Une fois que vous aurez fait danser vos muscles, j’aimerais tester quelques réactifs. Tout d’abord, la lumière grâce à cette loupe et cette bougie. Ensuite, nous devrions tester la chaleur, peut-être existe-t-il une température de fusion ? J’ai aussi quelques diapasons pour voir sa réaction au son. Par la suite, peut-être, pourrions-nous tester des liquides. J’ai de l’eau, de l’acide, une solution basique, de la salive et du sang. On devrait pouvoir avoir une meilleure idée des propriétés physiques de ceci.

Quelle pourrait bien être la prochaine étape ? Il faudrait pouvoir fractionner l’élément pour mieux l’étudier, sinon il serait difficile de poursuivre sans le détériorer. D’ailleurs, que se passerait-il si la créature de chakra touchait cette roche ?

Résumé:

Impressionnant. Le pouvoir du clan Nara était magnifique même si terrifiant. Manipuler les ombres, bien que mon don m'offrait une résistance et une puissance de frappe difficilement égalable, il était clair que se faire emprisonner par les techniques de manipulations des ombres étaient très peu agréable. J'avais clairement vu aussi que le scientifique savait manier avec précision et force ses créations et son pouvoir. Il était donc un allié que je devais me faire pour l'exploration du Calice du Pays du Fer que nous avions évoqué un peu plus tôt.

Bref. Retournons à nos occupations. Ses techniques semblaient également affectées par le matériau de manière bien plus visible que les miennes, le tout se passant plutôt dans mon réseau chakratique et donc difficile à expliquer avec des mots. Ses ombres avaient perdues vigueur et contrôle avant de rejoindre de nouveau le sol en rentrant dans le petit périmètre que j'avais mentionné. Il avait clairement pris le lead de l'expérimentation et c'était bien mieux comme ça, il avait bien plus d'idées que moi, qui avait simplement frappé le caillou et essayé de le manger. Il avait plus d'expérience après tout.

Sous ses ordres, je venais grossir ma paume de main de manière assez équivoque, histoire de véritablement percevoir les mouvements de ma peau et de mes muscles. Approchant le caillou et à l'instant où ma main se posa dessus, le poids de ma main devint lourd, presque trop pour moi. La solidité du matériau était également impressionnante, un simple rocher aurait au moins été fissuré par ma frappe. Je venais tout de suite enchainé, frappant de nouveau de ma paume, redevenue de taille normale.

« Alors il est clair que quand j'utilises mon pouvoir, mon chakra est alourdi, je commence bien plus d'énergie. Ce qui est bizarre, quand je frappe naturellement, c'est que la sensation change légèrement, le poids se fait encore sentir, mais j'ai cette fois l'impression que mes forces me quittent. »

Mes yeux pétillèrent un instant, car je me rendais soudainement compte de ce que je détenais entre mes mains grâce à la chef Imono. Franchement, à Tetsu j'irais la remercier grandement pour le cadeau et clairement lui demander où je peux trouver plus de ce matériau, j'ai tout un tas d'idées de construction qui fusent dans ma tête. Et si on parvenait à percer le secret des Anciens Architectes ? Mama. J'étais impatient. Mais il fallait rester concentrer et ne pas trop se faire de plan sur la comète.

« Je suis ok pour la suite. Par contre, pour la chaleur et l'acide, faut faire gaffe à pas détruire le caillou. Déjà parce que j'y tiens précieusement ! Et en plus, avec quoi on expérimente si on le casse hein ? »

J'imagines que le scientifique était au courant de tout ça, mais je ne voulais pas qu'il laisse trop ses idées l'emmener au point de détruire mon précieux caillou. C'était un cadeau, et les cadeaux ça se garde précieusement.

Résumé:

En silence, le savant observait la scène. Ses mains retranscrivaient chaque détail, chaque mouvement et chaque contraction des muscles de son invité. Rien ne devait lui échapper. Au fil des actions de son partenaire, le Nara ajoutait commentaires et hypothèses. Bientôt, son carnet fut noirci par tant d’écrits. L’objet inconnu était une énigme au sens propre du terme. Outre le fait de ne pas connaître ses origines réelles, ses propriétés demeuraient tout aussi mystérieuses. Bien sûr l’hypothèse qu’il s’agissait du même matériau ayant forgé les donjons Calices était bienvenue, voire même rassurante. Après tout, Renpei s’était déjà engouffré dans ses tombeaux faits de Chakra pur.

Toutefois, ne pas être capable de briser l’intégrité du minerai était un véritable obstacle. Devoir utiliser l’ensemble pour étudier ses réactions était un réel gâchis. Cette invulnérabilité était à la fois un atout et une malédiction pour le chercheur. Incapable d’imaginer une solution venue du néant, il se tourna vers Dodoro et convoqua ses nombreux savoirs.

En tant que bâtisseur, vous les Akimichi, vous devriez connaître des outils pour manier un tel minerai, non ? Je veux dire, une pierre se taille, un métal se chauffe, le bois se sculpte. Je ne suis pas un expert vis à vis des techniques artisanales, mais si nos ancêtres ont réussi à le manier, nous devrions pouvoir le faire. Vous n’auriez pas une idée ? Cela faciliterait grandement nos expériences si nous pouvions avoir des échantillons plus petits.

En attendant un éclair de génie, le Kabbaliste jeta un regard curieux vers son bureau. Là, entre les parchemins et les prototypes abandonnés, il trouva de nombreux éléments pouvant se montrer utile. Même si une part de lui regrettait son manque de préparation, il aurait dû prévoir pareille situation. S’il l’avait fait, tout ceci serait plus simple. Enfin, face à l’inattendu, il fallait se montrer inventif. Essayant de cultiver cet optimisme, il fit confiance au Colosse de chair et à son ingéniosité. Ils allaient bien trouver une solution à cette impasse.

Je comprends vos inquiétudes, mais j’imagine que les résultats que nous aurons aujourd’hui vous serviront à l’avenir. Pouvoir offrir un bilan complet, des limites et des failles d’un tel objet sera sûrement apprécié par vos soutiens. Commençons par des tests non-invasifs. Réfléchissez aux gains potentiels.

En s’accrochant à l’image qu’il avait des murs des Calices, l’auteur à succès désigna une liste de réactifs « non-invasifs ». Grâce à son expérience, il avait pu établir que le minerai allait être indifférent à plusieurs d’entre eux. Alors, sans tarder, il démarra ses expériences. La première était plutôt ennuyeuse, avouons-le. En utilisant l’éclat d’une bougie, puis de plusieurs, Renpei étudia la réflexion et l’absorption dont était capable l’objet. Puis, il usa de plusieurs diapasons pour provoquer une réaction. Comme attendue, rien ne se passa, si ce n’est un léger vrombissement. Le minerai semblait pouvoir résonner, sans pour autant que cela nuise à sa structure. C’était comme s’il demeurait imperturbable, il laissait les aléas le traverser sans broncher. Enfin, quand venu le temps de l’eau et de la salive, ce fut quelque peu ridicule. Les gouttes glissaient sur la paroi de manière pathétique. Vraiment, cela en devenait presque misérable. Comme pour effacer ce souvenir, Renpei s’entailla le doigt et fit couler une perle de son sang sur le minerai. Et là encore, rien ne se passa. Oh, il y eut bien un maigre espoir au début, le sang ayant semble-t-il réagi, mais l’échelle était trop petite pour déterminer quoi que ce soit. Le savant émit l’hypothèse que le chakra contenu dans le sang avait été absorbé, provoquant par la même un micro mouvement et une petite émulsion. Rien de bien intéressant, donc.

Je ne sais pas si vous vous êtes décidé, mais dans le doute, je vais préparer un four artisanal. Avec quelques bougies et de quoi conduire la chaleur, on devrait être capable de déterminer si l’élévation de la chaleur a des effets sur le minerai. Et avec cette méthode, tout se passera avec lenteur. Vous pourrez intervenir à tout moment si vous craignez de perdre votre précieux trésor.

Le Chōwajin d’adoption entama la création de son invention. C’était bien la première fois qu’il se lançait dans une telle entreprise, mais cela ne devrait pas être trop compliqué. Il fallait simplement trouver la manière la plus efficace pour augmenter la chaleur du récipient, sans perdre trop d’énergie. Afin de calculer tout ça, il prit un parchemin vierge et commença à dessiner son œuvre. Il était bien entendu conscient qu’il devait se limiter aux matériaux présents dans son laboratoire. Un véritable défi pour le chercheur qu’il était.

Résumé:

Le temps était à la réflexion, les premiers tests venaient d'être effectué et le trop peu de matière était un frein à notre expérimentation. De plus, on avait pas du tout préparé de plan à l'avance, étant donné que je venais de rencontrer l'androgyne il y a seulement quelques minutes, ou quelques heures tout au plus. Nous manquions cruellement de matériel, c'était clair et le plus gros défi à surmonter. Mais après tout, si le mystère autour de ce caillou n'était pas percé aujourd'hui, la moindre petite avancée pourrait nous diriger sur des tests plus précis, avec une meilleure préaparation en amont.

Je me frottais le menton, tandis que le champignon se baladait un peu partout dans le laboratoire, saisissant et observant sous tous leurs angles les nombreux outils du Nara. Bizarrement, il se tournait plutôt vers ceux destiné à découper ou trancher. Il avait un message à me faire passer ?

« Oui, j'ai tout un tas d'outils qui me viennent en tête. Mais le problème c'est la trop petite taille du matériau et sa résistance. J'ai rarement vu un caillou aussi solide. A en voir ma tenue tu peux vite comprendre que j'ai pas les outils qu'il faut sur moi, et j'ai beau regardé dans ton atelier, je trouve rien qui pourrait correspondre. Hmmmm... »

Tout un tas de plan de conception me vinrent en tête si j'arrivais à mettre la main sur un filon infini de ce matériau-organique, mais dans le cas actuel, j'avais du mal à m'imaginer les possibilités avec un si petit échantillon. Banado se rapprochait maintenant de moi et du caillou, il l'observa un court instant.

« Bon. Ce truc ça me rappel vaguement chez moi. J'espère que ça va pas exploser... »

Sans crier garde, il posa sa petite main végétale sur le caillou. Ses yeux se révulsèrent en une fraction de secondes avant qu'il ne décroche sa main et ne tombe à la renverse. Visiblement, il était également affecté par l'absorption chakratique du minerai. De plus, sa faible constitution lui offrait que très peu d'énergie, il ne pouvait résister comme nous à cette force invisible. Je venais l'attraper avant qu'il ne chute complètement, lui donnant une légère accolade avant de le placer sur mon épaule. Il vint reprendre connaissance quelques secondes plus tard.

« Ouais, il y a pas à chier, ça ressemble bien aux Donjons Calices cette histoire. »

Une créature de chakra qui confirmait nos premières hypothèses. Du moins celle qui m'était venu en tête dans les premiers instants où je fus en contact avec la glaise. Le scientifique se mit à former un four rudimentaire, l'idée de le chauffer était pertinente, si il ne fondait pas totalement nous pouvions sûrement espérer en récupérer des petites parties pour tenter d'autres expériences plus dangereuses sans briser la totalité de l'échantillon. Je le regardais faire, disposant de nombreuses petites bougies pour y faire naitre un foyer. Je m'approchais des flammes, me penchant en avant tandis que mon sourcil commençait à s'arquer de surprise.

« Mais, dis-moi, ça serait pas plus facile avec le morceau de charbon dans le coin de ton laboratoire ? »

Surpris, je venais saisir la petite roche de combustile que je plaçais au coeur de la création avant que celle-ci ne s'embrase complètement pour faire naitre un foyer bien plus efficace.

« Alors d'abord il crache sur le caillou pour tester la salive, maintenant il connait pas le charbon. T'es sûr que t'es un scientifique toi mon pote ? »

Un petit sourire de gêne apparu sur mon visage. J'étais plutôt d'accord avec les doutes de Banado mais je ne voulais pas offusquer mon partenaire scientifique. Après tout, j'avais besoin de ses idées... Et de son laboratoire. Maintenant que le petit four de fortune semblait bien lancé et commençait déjà à réchauffer la pièce, il était tant d'y placer le caillou.

« Je te préviens, s'il fond entièrement et qu'il est détruit, tu viens avec moi devant Tetsumaru pour t'excuser et en demander un nouveau. »

Il n'y avait plus qu'à attendre que la chaleur fasse son œuvre.

Résumé:

Tout en préparant son invention, le savant laissa ses yeux et ses oreilles traîner. En effet, son attention était divisée entre sa tâche et les initiatives des voyageurs. Il commençait à les connaître et ils avaient la fâcheuse tendance à se montrer imprévisible. Bien sûr, cela pouvait être rafraîchissant, mais pour un homme obsédé par le contrôle comme Renpei, c’était tout aussi frustrant. Ainsi, lorsque le végétal se sentit l’âme d’un explorateur, le savant ne put retenir un léger rire. Cette créature savait attirer les regards, c’était une certitude. Dommage qu’elle ne fût pas plus docile, elle ferait un cobaye idéal, un partenaire de tous les instants, une source inépuisable de connaissance. Lorsqu’elle perdit ses forces au toucher de la gemme, les hypothèses se confirmèrent. Ce matériau était décidément idéal pour construire une prison. Ce qui pourrait signifier que les Architectes aient bâti les Calices dans un but similaire. Quelles monstruosités pouvaient bien être enfermées dans ces antres mortels ?

Trop dispersé pour réfléchir efficacement, le Nara s’enfonçait dans une piste sans issue. À force de vouloir innover, il perdit le sens des réalités et en oublia les propriétés combustibles du charbon. Face à la remarque avisée de l’Akimichi et de son camarade, l’écrivain ne put que sentir le poids de la honte. Mais l’heure n’était pas au regret, il fallait continuer les expériences. C’est pour cela qu’il balaya ses sentiments et mit son errance mentale sous le coup de la fatigue. C’était sûrement ça, trop travailler avait diminué ses capacités cognitives. Un peu de repos et tout s’arrangerait.

Après cela, un protocole précis fut suivi. Dans un récipient à l’épreuve des flammes, les deux compères déposèrent le précieux trésor venu de Tetsu. Là, en attisant avec minutie les flammes, ils attendirent une réaction. Carnet en main, Renpei était prêt à noter le moindre changement. Couleurs, formes, textures, tout était étudié. Pour parfaire l’observation, il utilisait même par moment un thermostat. Connaître la température de fusion était une donnée importante pour la suite. Puis, vint le miracle. Rougis par la chaleur, les extrémités du minerai se mirent à fondre. Fort heureusement, le procédé était lent, et le savant pu saisir une pince et retirer trois échantillons en forme de goutte. Enfin, il laissa la gemme et les perles refroidir. À présent, les expérimentations allaient pouvoir se poursuivre. Étrangement, sous l’effet de la chaleur, le minerai avait perdu en opacité, pas autant que du verre, mais cela s’en rapprochait.

Parfait. Je vous laisse votre précieux. Je vais me concentrer sur ses trois bijoux. Je n’y connais pas grand-chose en métaux, mais il me semble que pour les utiliser à grande échelle, nous allons devoir les lier à une autre matière. Et si possible, nous devrions trouver un catalyseur afin d’accroître ses propriétés. Malheureusement, mon laboratoire ne se prête pas à ce genre de travaux. Il vous faudrait une forge. Toutefois, je peux utiliser la même méthode pour tenter de mélanger ces sphères à d’autres métaux. Par exemple, du fer, de l’argent et de l’or. Je dois en avoir, quelque part, par ici… Ou par là…

Le savant se mit à fouiller les tiroirs et les étagères de son laboratoire. Entre deux bocaux aux contenus visqueux, il trouva une paille de fer. Pourquoi était-il en sa possession ? Il l’ignorait. Sûrement, un bien oublié par son prédécesseur, se disait-il. Ensuite, il tira de son sommeil une médaille faite en or, souvenir d’une victoire passée lors d’un concours d’écriture lors de son séjour à Chōwa. Enfin, pour trouver de l’argent, il sacrifia une chevalière qu’il avait achetée sur un marché, le mois dernier. Un petit caprice qu’il s’était offert à la suite d’un énième échec.

Il faudra sûrement poursuivre ces expériences à l’avenir. Mais je vous fais confiance pour trouver le bon alliage, après tout vous faites partie du clan des grands Bâtisseurs. C’est votre champ de compétence. Voyons ce que cela donne avec ces objets. J’espère que l’absorption en sera décuplée, ce serait une véritable découverte pour nous tous.

Résumé:

La chaleur gagnait petit à petit la pièce, les trois scientifiques du jour regardant avec attention le morceau organique se teinté d'une couleur rouge vive. Visiblement, le feu était une bonne idée et avait un impact sur l'échantillon du matériau. Oh. Les bordures se mirent à fondre légèrement, redevenant à l'état de glaise. L'androgyne vint se munir de petites pinces afin de détacher de toute petite partie semblable à des gouttes pour les refroidir et en former des perles, tandis qu'il me rendit le reste et le plus gros morceau de la pierre. Le Nara se mit ensuite à fouiller un peu partout tout en me donnant les indications sur la suite des expérimentations. Former des alliages de différents matériaux avec le Yūkikōseki. Pourquoi je n'y avait pas pensé plus tôt. Un partout. Après l'histoire du charbon, c'était à lui de me surclasser sur mon propre terrain. Mon champignonnesque acolyte ne pu contenir un petit rire de moquerie.

« Pour de si petits alliages, ton four fera largement l'affaire, t'en fais pas. Banado passe moi le petit maillet là-bas, ensuite augmente la température de fusion, on va faire fondre le fer, l'argent et l'or. Ensuite on répète le procédé avec les petites perles et on mélange le tout en espérant qu'ils soient miscibles entre eux. »

Le petit maillet fut apporté par Banado, malgré son caractère aigri, il était plutôt curieux des expériences humaines et je savais qu'il était heureux de pouvoir m'aider lors de mes créations. Le petit maillet servait à ramollir et aplatir le tout une fois la chaleur commençant à ramollir les différents matériaux. Une fois le point de fusion atteint, je m'acharnais à agir avec minutie pour former les différents alliages. Ma carrure pouvait laisser ppenser que j'étais loin d'être quelqu'un de précis et minutieux, pourtant, lorsque l'on touchait à mon domaine de prédilection, j'étais intraitable.

Les différentes perles furent créé, avant de les refroidir de nouveau pour en capter les effets. L'or, étant conducteur, semblait s'accaparer le pouvoir d'absorption du Yūkikōseki, cependant, la miscibilité des deux semblaient fragile. L'argent doublait la solidité du tout, ce qui était impressionnant pour un si petit échantillon. Le fer semblait être celui qui se mélangeait le mieux avec le matériau organique, cependant, à l'œil nu, il était impossible de savoir si les propriétés étaient partagé entre les deux.

« Bon, chacun semble réagir différemment, ce qui est une bonne chose. Il va falloir qu'on reprenne les tests avec tes techniques claniques pour en apprendre d'avantage. »

Un ton sérieux, ma voix avait légèrement changée laissant l'air benêt et enfantin de côté pour laisser place à un véritable professionnel de son domaine. Il était clair que la cheffe du clan Imono venait de me fournir d'un matériau incroybale, si je parvenais à en apprendre plus et à comprendre toutes ses propriétés, alors j'allais peut-être être à l'origine d'une véritable révolution dans le monde de l'ingénierie et de l'architecture.

Résumé:

Au fil de la journée, une certaine tension s’était manifestée chez le savant. Son corps s’était raidi et ses muscles témoignaient d’une trop grande crispation. Explorer des domaines qui lui étaient inconnus, demandait beaucoup d’énergie. Au-delà de l’excitation, il devait sans cesse combler son ignorance, faire preuve d’ingéniosité et se montrer constamment créatif. Maintenir les apparences devant l’Akimichi était épuisant, mais nécessaire. Du moins, c’est ce que pensait le Nara.

Avec du recul, il comprit que ce Colosse de chair et son drôle de compagnon se révélaient être plutôt touchant. L’honnêteté les caractérisait, chose rare sur ses terres. Après tout, Hakugaku n’était pas réellement le refuge des gentilhommes, bien au contraire. La science attrait souvent des profils douteux, à la morale chancelante. Alors, il était heureux de faire une pareille rencontre. Cela lui changeait de son quotidien quelque peu aseptisé. Et puis les deux éveillés se complétaient plutôt bien, autant dans leur personnalité que dans leurs talents respectifs.

Ainsi, pendant que le forgeron était à la tâche, Renpei fouillait sa mémoire. Bien que manquant de données et de savoirs, il convoquait ses meilleurs neurones et tentait de trouver une nouvelle approche. Malheureusement, il arrivait au bout de ses idées. S’il avait du temps devant lui, il aurait sûrement pu faire une nouvelle offre, mais là… Il se sentait impuissant. Même lorsqu’il essayait de revoir son parcours dans le Calice, rien ne lui vint. Même l’étrange peinture gardait tous ses mystères. Qu’il était frustrant d’être aussi incompétent.

Admirant le travail minutieux de son acolyte, le fils de l’Ambassadeur ne put s’empêcher de sourire. Les reflets de ses billes avaient quelque chose de fascinant, comme s’il tenait dans sa main l’avenir du monde lui-même. Bien sûr, les trois sphères étaient rudimentaires et insuffisantes, cependant l’heure n’était pas au pessimisme. Il fallait plutôt se tourner vers l’avenir et faire preuve d’imagination.  

Bien, je vais utiliser la même méthode que précédemment. Mais vu la taille, ce sera encore plus difficile d’en déduire quoi que ce soit. J’espère que notre entreprise pourra quand même vous aider.

Sans attendre, le Nara donna vie à ses ombres et tenta de percer les secrets de ses alliages précaires. Toutefois, la taille réduite des échantillons rendait la détection fragile et imparfaite. Sans talent sensoriel, il était impossible d’émettre le moindre jugement. L’échec était total. Enfin, pas tout à fait. Si les propriétés absorbantes restaient un mystère, au moins, Dodoro savait qu’il était possible de travailler cette matière. C’était déjà ça.

En pensant aux Calices et à leurs murs… Je sais qu’il existe des gemmes aux propriétés étonnantes qui y sommeillent. Peut-être qu’elles pourraient vous aider dans vos recherches. Je veux dire, si votre minerai appartient à ce monde-là, il ne serait étonnant que l’un ait une influence sur l’autre. Hélas, je crois que votre seule chance d’en trouver, réside dans une expédition dans l’un de ses donjons.

Je m’excuse de ne pas pouvoir vous être plus utiles. Mes compétences sont limitées et je dois dire que je demeure quelque peu frustré de nos résultats. Enfin, il faut savoir se montrer humble par moment.

Résumé:

Visiblement, moi comme le scientifique arrivions au bout de nos idées. Nous avions tentés tout un tas d'expérience depuis le début, de nos différents pouvoirs claniques, en passant par les propriétés naturelles de la lumière et de la chaleur et en finissant par la formation d'alliages. Les ombres de l'androgyne caressait une nouvelle fois les différentes créations mélangeant les matériaux entre eux. Cependant, lui comme moi nous rendions compte que l'échantillon était trop petit pour y voir un réel effet à l'œil nu.

Mais bon, il n'y avait pas de quoi être démoralisé pour si peu, si tous les secrets de ce matériau organique se trouvait dans ce tout petit morceau de la taille de mon doigt, alors tout ceci aurait été bien trop beau. J'avais quand même rencontré un scientifique bien installé au sein de l'Ecole de Guerre, ce qui était de bon augure pour la suite, puis j'avais aussi pu manger de nombreux plats sans débourser un seul sous. Et si finalement ce n'était pas ça ma plus grande victoire du jour.

« Je crois effectivement que nos expériences du jours touche à leur terme ! Mais bon, je suis content, nous avons fait les premiers pas vers la découverte des secrets de ce caillou. De plus, je dois me rendre vers le Pays du Fer pour plonger dans les entrailles de son Donjon Calice, je pourrais peut-être en apprendre un peu plus là-bas ou au près de Tetsumaru. »

Je n'avais que peu d'affaire à ranger, je prenais quand même le soin de récupérer le caillou ainsi que les petites billes créées. Après tout, ça restait à moi. Banado remis le petit maillet à sa place et je me mit à ranger le poste de travail. Toujours important de bien tout ranger pour ne rien perdre et pouvoir travailler efficacement. Une fois cela fait je me tournais vers le Nara.

« En tout cas, merci de m'avoir aidé à en apprendre un peu plus. Si le cœur te dit de continuer l'aventure vers le Pays du Fer, je cherche des compagnons pour l'exploration des secrets des Anciens Architectes. Bye bye. »

Replaçant Banado dans ma poche sous ses grommellements, je disparu par l'encadrure de la porte lui attribuant un dernier sourire amical. Nous n'étions pas au bout de nos aventures tous les deux, mais ça, je ne le savais pas encore.