Tu le trouveras en ces lieux, forge ta renommée. Un regard appuyé, un certain froid certainement, c'était de cette vision dont elle se souvenait du Despote, d'autant plus lorsque sa véritable mission lui avait été confié, dans le secret des hautes sphères de la Junte. Sur l'instant, elle avait accepté l'ordre - en fait, elle ne savait pas réfléchir ou faire de choix quant un ordre du Despote était donné, elle n'avait tout simplement pas la capacité de prendre du recul. Mais elle pouvait avoir des pensées, tumultueuses, troublantes, mais existante, vestige d'une enfant dont l'existence est remise en question.

Vaincre Kaguya Orochi, être à son niveau pour pouvoir lui tenir tête si ses ambitions viennent se confronter à la Junte. Le Despote avait-il autant confiance en la section scientifique et en l'expérimentation encore prototype ? Sahen dans son excentricité certaine et sa prétention n'était même pas capable de supporter voir son reflet à cause de lui, que se passerait-il si il devient plus qu'un nom sur une lettre adressée ou sorti de la bouche des gens ?

L'Underground avait alors été ce moyen de le côtoyer, de se battre sans mourir.

Seule, elle y avait déjà mit les pieds, avec des objectifs précis de se faire connaître, mais l'idée de ramener son frère avec elle semblait finalement une option des plus ingénieuses à ses yeux : à deux, ils étaient redoutable, et aucun combat ne mentionnait le terme obligatoire de duel. Ainsi, Sahen avait trainé Uhen avec elle sur les terres désolées de Hametsu, dans le but de lui faire découvrir ce lieu dont elle lui avait parlé, où l'on pouvait côtoyer de nombreuses hautes têtes du Continent sans risquer la mort assurée. La plupart des têtes qu'elle visait y étaient, et leur chef de clan aussi, et cette mention ne manqua pas d'être appuyée auprès du jeune frère.

— Je ne prétend pas lui tenir tête. Mais l'arène nous rendra au moins influent dans ces lieux - Uhen et Sahen. Et d'une certaine façon, nous n'aurons pas de soucis parasite là bas.

En mention à leur visage alors tout en haut du bingo book, Hi et Kaminari voulaient vraiment leurs têtes.

La guerrière Kaguya poursuivit alors son chemin en conduisant jusqu'aux portes de l'Underground son jeune frère, sachant très bien qu'il n'allait certainement pas entrer avec autant de facilité qu'elle.

Uhen déambula aux côtés de sa sœur d’un pas enfantin. Ses foulées étaient sereines, se balançant d’un pied à l’autre, agitant sa tête en accord avec sa démarche, comme si le monde lui appartenait. Et pour cause, les Jumeaux craignaient peu de choses – sinon les foudres des autorités étatiques, le jour où elles oseraient agir. L’enfant de l’os sourit à la vie, et aux ruines qui l’entouraient, s’inventant les raisons pour lesquelles le Pays de l’Herbe avait autant souffert. Tantôt, ce fut à cause de la guerre entre plusieurs factions ; ensuite, il accusa une créature titanesque ayant mis en branle le territoire ; enfin, il s’amusa à penser aux conséquences d’un terrible événement climatique. Tout un tas de pensée frivoles, alimentées par l'absence d'empathie du jeune garçon.

— J’ai hâte de visiter ce nouveau repaire ! Tu sais s’il y aura des noms de La Liste ? J’aimerais trop leur parler, pour une fois. Dis ! À ton avis, ils nous laisseront combattre notre chef ? Ce serait incroyable, haha ! Il m’en a beaucoup parlé, tu sais ! Je n’en ai entendu que des éloges ~

Pour des raisons particulières, Le Vestige tenait Kaguya Orochi en haute estime. Peut-être un rapprochement entre leurs deux réputations et importances ? S’il avait eu le choix, nul doute que le Roi des Spectres aurait pactisé avec le Bijū sans queue. Mais… il aurait eu beaucoup plus de mal à le manipuler à loisir.

— Woaaaaw, on doit vraiment passer par un puits ?! GÉ-ANT. Comme dans les livres d'aventure !

Une société souterraine, à part du monde, où les coups s'échangent, les destins se croisent et les légendes se forgent. Seuls les véritables guerriers, triés sur le volet, pouvaient pénétrer dans cet antre des arts martiaux et de toutes les manigances. Ce fut dans cette optique que la Junte permit à sa guerrière d'accéder à ce lieu empli de mystère, dans lequel trônait fièrement le Ô Monatai Bijuu, Kaguya Orochi. Visiblement, l'avenir des Kaguya était entremêlé à celui de ces murs. Qui de mieux pour défaire l'actuel champion que la prodige de son clan. Remplacer une tête par une autre lorsque la couronne commence à vaciller et à échapper aux mains du Despote, telle était la façon de faire du Pays de la Brume.

Sans avoir encore posé pied sur l'arène pour prouver sa valeur au combat, ce fut devant les portes gigantesques qui renferment ce monde si fantasmé, qu'elle amena son frère. Le Vestige avait trouvé sa demeure. Pourtant, il n'y avait pas été invité, du moins pas encore. Deux gardes interceptèrent les jumeaux, bien loin des soldats d'élite qu'ils avaient pu rencontrer auparavant. Une mine patibulaire, des crocs acérés, aux canines débordant de leurs mâchoires. Un simple pagne les habillait, laissant leurs muscles saillants parler à leur place.

« Pas d'invitation, pas d'entrée. »

Une voix grave, sauvage, mettait en lumière leur manque de jugeote. Après tout, ils n'étaient là que pour garder la porte, ni plus, ni moins. Ce fut à cet instant précis qu'un petit énergumène, de toute petite taille, chapeau melon posé sur le haut du crâne, vint murmurer quelques mots à l'un des colosses. Visiblement, l'arrivée d'Uhen et Sahen était attendue, et même espérée. Les deux molosses toisèrent un instant le duo, dans le même temps que le petit homme s'approchait d'eux, sourire aux lèvres.

« Bien, suivez-moi, votre épreuve vous attend. »

Sans attendre une quelconque réponse, le petit être se mit en route, dévoilant une légère porte dissimulée sur le côté. Derrière, de nombreux escaliers en colimaçon s'enfonçaient jusqu'aux entrailles de la terre. Pas un bruit, un silence plat et froid, seulement le bruit des petites chaussures foulant le sol. Plusieurs minutes s'écoulèrent avant que le petit homme ne s'arrête à un embranchement. En face, une porte, à gauche, de nouveaux escaliers remontant dans une nouvelle direction.

« Prenez cette porte, je vous prie. »

Puis le maigre guide prit les escaliers de gauche avant de disparaître complètement de la vue des Kaguya. Derrière cette porte se trouvait le lieu de toutes les légendes, de toutes les histoires. Un lieu forgé par le sang et la sueur, creusé par les larmes et les cris. L'Arène légendaire de l'Underground. Les pieds des deux comparses foulèrent son sol pour la première fois, la poussière accompagnant leur pas. D'immenses tribunes les entouraient complètement. Bien que le silence fût de mise, ils pouvaient comprendre aisément les déferlements de passion qui s'y déroulaient en temps normal.

« Bien. L'épreuve d'admission de monsieur Uhen va commencer. L'exercice est simple. Battez-vous. »

Perché en haut des gradins, dans une petite pièce isolée réservée aux commentateurs et autres invités d'exception, le petit homme parlait dans une sorte de coquillage augmentant la portée de sa voix dans l'entièreté du théâtre. Les règles étaient simples, un simple combat. Après tout, la sanguinaire Sahen avait décidée de ramener un invité, alors qu'elle prouve sa valeur aux yeux des juges.

Un prodige dans l'ombre d'un autre, Reimu vivait très mal cette situation quand Sahen brûlait d'ambition. Et l'ardeur de ses flammes se sentait dans sa volonté d'introduire son frère à l'Underground, elle voulait s'illustrer, mais l'entraîner avec elle, pour que lui aussi connaisse la fougue du combat et de la représentation en publique. Quel meilleur moyen de se faire remarquer sans risquer de perdre sa tête, que dans une arène où les gens vous adulent ? Ils n'avaient pas peur de la haine, c'était ce que beaucoup ressentait envers eux.

Sahen s'autorisa un sourire, à l'encontre de son jeune acolyte enjoué alors qu'elle lui répond seulement, vis à vis d'Orochi :

— Il n'est pas chef pour rien. Et je n'existe pas pour rien non plus.

Évidemment qu'elle voulait tenter de l'affronter, de triompher, même si elle se doutait de la puissance qu'il dégagerait. Il voulait sa tête après tout, peut-être pas personnellement, mais pour l'honneur du clan en tout cas. Sahen conduit ainsi Uhen jusqu'aux portes, avant de se faire arrêter par ces gardes visiblement peu informé sur son identité : même s'ils n'avaient pas faux pour Uhen, il n'avait aucune invitation. Mais la situation fut prise en main, faisant en sorte de conduire le duo à l'intérieur de l'arène sans accroc, mais Uhen allait devoir prouver sa valeur pour entrer dans cette arène.

Une fois dans l'arène, Sahen balaie du regard l'endroit, puis son frère à ses cotés. Il était évident que c'était lui qui devait se montrer digne, la nature de l'épreuve n'était pas dure à deviner, et une fois confirmée, Sahen eut une attention particulière pour l'hôte du Vestige, un sourire avant de prendre un recul pour se placer dans l'arène, sachant très bien qu'en espace clos, elle avait un avantage peut-être considérable, mais que la malice de Uhen saurait la surprendre. Ses pupilles écarlates se posèrent alors sur son jeune frère, ils n'en étaient pas à leur premier combat, leurs corps mutuels en portent les stigmates - cicatrices ou contusions encore visibles. Elle hoche le visage de haut en bas.

— Donne ce que tu as.

Sourire mesquin aux lèvres, l'ainée savait qu'aucun des deux se retiendraient, comme à leur habitude. Cependant, c'est à lui qu'elle laisse le loisir de débuter, faisant un geste du bras pour indiquer qu'elle le laissait débuter les hostilités.

L’accueil des hôtes de l’Underground avait été clément. Peut-être un peu trop, pour une arrivée fortuite. Les deux Jumeaux étaient-ils attendus sur l’autel des héros ? Tandis qu’une danse s’opérait dans les rangs des gestionnaires de gladiature, une réponse arriva soudain aux oreilles des enfants de l’os : la résolution du problème par le combat. Rien qu'une simple formule de politesse pour les deux maîtres du Shikotsumyaku.

— Haha, d’accord, je commence.

Il ne suffisait que de temps libre, et de suffisamment de place, pour que les deux compagnons d’idéal n’échangent leurs techniques mortelles. Il y avait une sorte de plaisir coupable, de spectacle rafraîchissant, à les observer en pleine action – se laissant souvent mutuellement à deux doigts de la mort.

D’un grand sourire inhérent à son personnage enfantin, Uhen joint ses mains en un signe incantatoire ; et aussitôt, un double parfait de lui apparut à ses côtés, du même rayonnement béat.


— Regarde ma nouvelle technique, ma soeur !
— Regarde ma nouvelle technique, ma soeur !

Les deux garçons laissèrent échapper un rire commun – avec un léger délai, d’une microseconde, ou presque. Le chant en canon laissait une sensation étrange à l’oreille. Aussi, même si leurs doigts se tordaient en les mêmes figures, la parfaite symétrie n’était pas au rendez-vous.

— Des racines poussent l’arbre.
— L’arbre étend ses racines.


Les excroissances d’os fusèrent des deux versions d’Uhen, comme un seul homme, pour envahir le champ de bataille. Le sol était pénétré par ces rhizomes ; et de ce parfait terreau sortaient çà et là de nombreuses branches d’ivoire, acérées, pour venir quadriller l’air libre et surprendre la Sanguinaire.

En somme : la création d’une aire de jeu pour jeunes Kaguya.

Résumé :

Ils se complétaient en duo, mais face à face, l'un maîtrisait la faiblesse de l'autre : à distance, Uhen serait un parasite, à portée de main, Sahen serait la Sanguinaire. C'était alors là son but, le rejoindre le plus vite au corps à corps, et lui devait se débrouiller pour l'en empêcher ou la faire le chercher.

La naissance de la forêt la fit tiquer, impossible à prévoir - même si il s'agissait là d'une technique bien spécifique à son frère , Sahen fut prise de surprise par l'une des racines sous elle, profitant de la sortie de celle ci et de son impact pour se faire propulser presque volontairement en l'air. Une excroissance naît depuis ses deux chevilles, venant couvrir ses talons comme pour renforcer ces derniers. Au moment de retomber contre la racine naissante, Sahen frappe violemment cette dernière et en profite alors pour se propulser avec violence entre les diverses souches d'os, comme pour se mouvoir plus facilement vers sa cible.





Dans la forêt d'os, Sahen frappe chacune des racines sur lesquelles elle passe, se frayant ainsi un chemin vers l'invocateur qui se trouve être sa cible. Une fois à proximité selon elle, de ses épaules naissent des ailes, à nouveau, venant se joindre à l'embouchure du poignet comme des manches bouffantes mais solide. L'appui offert par les racines offre à Sahen l'occasion de fuser depuis les hauteurs sur les deux Uhen : ne pouvant déterminer lequel est le vrai d'un coup d'oeil, elle se contentera de frapper les deux en simultané avec ses bras ailés, si seulement elle parvient à les atteindre.

Résumé:

Les hostilités étaient lancées. À nouveau, comme à chaque escarmouche, l’un désirait attraper l’autre ; ce jeu du chat et de la souris semblait maîtrisé, si bien que les deux participants jouaient sur les limites, en permanence, pour s’exprimer davantage.

Cette fois-ci, Uhen était d’humeur joueuse, et aventurière. Au lieu de se cacher sous terre pour fuir la dangerosité de sa Jumelle, il avait décidé, sur un coup de tête, de la narguer de près. Ce fut donc derrière son clone à effet qu’il s’abrita in extremis de l’assaut de sa sœur. Par chance, la jungle osseuse avait suffisamment ralenti la charge de la Sanguinaire pour se laisser de précieuses microsecondes de sursis – et même ainsi, l’un des deux Uhen dût se sacrifier pour l’intégrité de l’ordre.

Enfin… une intégrité toute relative. Lorsque la lame de Sahen transperça le clone à effet, celui-ci explosa – projetant dès lors des fragments d’os, au corps à corps, sur les deux Kaguya.

— Haha, ça pique un peu !

Uhen avait déjà commencé à fuir grâce au sacrifice de son double. Sans prendre du retard – osant ne pas regarder par-dessus son épaule – il invoqua un autre double dans son dos, sur la trajectoire de Sahen. Un même piège adressé à sa sœur d’idéal.


Ce nouveau délai lui permettait de faire voir le jour à sa technique fétiche : l’Étau de la Forêt d’Os. Alors qu’il fuyait et offrait son dos à la jeune femme, ses doigts composaient une longue série de signes incantatoires qu’il espérait achever. Alors, les nombreuses excroissances telluriques et aériennes poussèrent comme un seul homme pour rattraper le dos de Sahen, dans sa course.

Résumé :

Rien ne stoppe sa course si ce n'est ce qui provient d'en dessous, les projectiles la traverse mais elle serre les dents, comme à son habitude, elle ne se laissera abattre que lorsque le sang couvrira le sol de l'arène, et encore. Après avoir pulvérisé le clone, ce qui laisse l'occasion à Uhen de fuir, elle prend une vive impulsion contre le sol - plus forte cette fois ci - et charge vers Uhen. La naissance du nouveau clone semble la rendre indifférente, son corps le percute en chemin, prenant à nouveau les projectiles qui traverse ses membres et son abdomen.



Lorsqu'elle sent la naissance d'une nouvelle racine sous ses pieds, ce qui stoppe sa charge brutalement Sahen dérape violemment en prenant une petite impulsion pour ne pas se faire empaler sur place. Elle tourne son attention vers les racines qui proviennent de derrière elle, à temps, elle frappe avec brutalité les racines qui fusent vers elle, pour neutraliser ces dernières ou du moins les stopper dans leur course.

La forêt d'os autour d'elle constitue finalement à ses yeux un certain avantage, Sahen se place à nouveau entre les diverses racines pour y grimper à l'aide de divers sauts et cette fois ci se maintenir en hauteur pour avoir une vue d'ensemble de l'arène.

Une fois en hauteur, la femme profite de l'espace restreint pour retrouver la trace de son frère, son regard balaie l'arène alors qu'elle s'expose : mais elle ne reste pas longtemps perchée, sachant très bien que son frère avait contrôle total sur les racines. Elle prend alors un appui soudain appuyé grace à ses chevilles prépondérantes - lui évitant au passage trop de dégâts physique - et fuse vers lui : elle cherche à lui tomber directement dessus par surprise - bien qu'elle ne cherche pas à être vraiment discrète.

Résumé:

Sahen se déplaçait avec aisance au milieu du labyrinthe osseux. Peut-être trop. D’une grâce folle, elle échappait aux excroissances acérées, et gardait un rythme soutenu pour rattraper son retard face au sorcier Kaguya, gagnant davantage de mètres à chaque seconde. Même les leurres qu’Uhen laissait derrière lui ne suffisaient pas pour entraver la voie de sa soeur. Mais ce n’était que partie remise – le balafré savait que la Sanguinaire allait tomber dans son piège. Uhen avait tout juste assez de temps pour sortir deux techniques de son arsenal.

D’abord : se prémunir d’une impossibilité d’incantation.
Ensuite : poursuivre son entreprise de sabotage en invoquant, encore une fois, un clone de lui.



— Tu as encore l’embarras du choix !

Dès que le clone apparut, les deux prestidigitateurs composèrent une même série de signes pour animer la Forêt d'Os implacable. Cette fois, ce fut le clone qui était l'acteur de cette action ; les mouvements de l'originel, eux, n'étaient qu'un leurre pour tromper Sahen. Il se livrait littéralement à elle, face au danger.

Résumé :

— Je t'apprécie, mais un seul Uhen suffit amplement.  

Sahen dérape contre le sol alors qu'elle se présente devant sa cible, son épaule se déforme à vue d'oeil alors qu'une excroissance osseuse prend forme, monstrueusement, l'apparition d'une forme bien plus monstrueuse de Sahen - bien que similaire à sa première danse. La pointe de l'aile naissante arrivant à son poing, lorsque Sahen mime une frappe vers Uhen - alors proche, mais pas assez pour qu'elle le touche d'ici -, l'aile s'étend comme naturellement pour essayer d'atteindre l'adolescent.

Alors qu'elle levait le second poing, tout en essayant de poursuivre sa route : des os lui enroulèrent soudainement les jambes. Ses yeux avaient effectivement vu les signes incantatoires, mais elle se devait de toucher au moins une fois son frère, ne serais-ce que pour faire passer sa propre frustration. Sentant ses jambes complètement coincée, Sahen eut un instant de haine face à la situation et envoya sa sénestre frapper violemment devant elle - et en étendre l'aile pointue pour tenter d'atteindre le Sorcier.

Le myosis des pupilles de la Kaguya firent sentir son irritation. Sahen peste, les entraves et les leurres à répétition de son frère sont à la fois monnaie courante mais aussi extrêmement agaçant aux yeux de sa soeur lorsqu'elle se bat contre lui. Elle frappe avec violence à nouveau, mais cette fois ci contre les entraves autour de ses jambes, son geste, proche de ses membres, provoqua d'énième coupure auto-infligée, mais Sahen semblait détester se retrouver prise aux mains de quelque chose ou de quelqu'un.



Une fois libérée des entraves - ce qui lui coûte un certain temps, et donc l'occasion à son frère de fuir ou de riposter dans son dos, Sahen cherche à reprendre sa route, balayant du regard autour d'elle pour se situer que ce soit vis à vis de son frère, du clone et de la forêt.

Résumé:

Le premier assaut de Sahen toucha en plein cœur de la cible. Le balafré, pris au dépourvu, venant tout juste de terminer sa série de signes, ne pouvait qu'assister aux prémices de sa mise à mort. La lame osseuse de la Sanguinaire déchira alors tout son poitrail – et ouvrait la voie à une seconde frappe, juste derrière.

— Enfin ! Les choses sérieuses commencent ! Content de te voir, SA-HEN !


Uhen ne pouvait pas se laisser avoir si facilement. Profitant du micro-délai entre les deux coups, le Sorcier fit sortir ses côtes pour ériger un grand mur personnel devant lui. Même si l'égide n'était pas épaisse, elle avait au moins le mérite de ronger un minimum l'inertie de l'attaque. La protection virevolta en morceaux.



Par chance, le clone d'Uhen avait esquivé le regard noir de la femme. Alors que l'entrave se faisait déchiqueter sous ses yeux, ce fut une nouvelle technique d'immobilisation qui arriva sur la table – du fait du même acteur. Le double composa les mêmes signes incantatoires, avec le même sourire, et le même entrain débile – inhérent au balafré. Autant dire que l'acharnement avait de quoi aiguillonner la patience de l'instable Kaguya.


— Pas si vite ! Tu aurais dû te libérer plus tôt...
— ... ma soeur adorée ~

Le rire enfantin résonna dans l'arène de l'Underground. Uhen se fichait de ces blessures ; il ne s'agissait que de heurts innocents que l'on collectionne en jouant un peu trop brutalement. Au contraire : ces plaies ouvertes étaient des sortes des médailles à collectionner – témoins de son investissement au combat.


L'ombre du Vestige apparut soudain derrière Sahen. Le regard morne, bien moins enjoué que son hôte, il était sur le point de mettre à mort la Jumelle. Sa longue cape noire, faisant référence à son antique tenue d'office, virevoltait au gré du vent. Ses bras croisés, eux, restaient prisonniers de cette prison de tissu. En somme : sa posture jurait avec le rythme affolant de l'escarmouche, et c'était bien ce deuxième point de vue qui avait tant réussi au balafré. Derrière la bêtise d'Uhen, il y avait un guerrier Kaguya à l'expérience millénaire.

— Son esprit est brisé. Elle est à toi, Chihiro.


Les quatre dextres du balafré sombrèrent dans une transe créatrice, rendant hommage à la folie de leur propriétaire. Uhen savourait la rage de sa sœur, et puisait en ce trou sans fond pour créer une malveillance à l'état pur. Lové par l'influence avenante du Vestige, il était l'allégorie des coups bas et de l'immoralité. Son pinceau donnait de nouvelles couleurs aux émotions de l'humanité, caressant parfois de frêles âmes d'un doux rire, et condamnant quelques malheureux sur son chemin d'une sanction injuste.






Le sourire d'Uhen, si vivant, contrastait avec son regard mort. Ces deux billes noires, vides, trahissaient la déconnexion de sa conscience avec son corps de chair et d'os. Uhen restait debout, là, en pleine ataraxie, les mains jointes ; comme si une force invisible le tenait fermement pour ne pas qu'il tombât.

— Tu as bien combattu. Mais il te reste encore beaucoup à faire, Hôte. Un jour, tu rattraperas le niveau de l'Orochi et du Despote. Tu en as le potentiel, après tout. La Nécropole Stygienne t'a senti dès ton arrivée...

L'enfant de l'os s'écroula en arrière. Dans cet état, il était dans l'incapacité de poursuivre le combat.

Résumé :

L'os frappa l'os, Sahen poussa un grognement de rage, elle avait ce sérieux souci d'impatience en combat : elle détestait que cela dure, elle voulait aller vite, être efficace, elle ne connaissait aucune des règles des duels traditionnels. La chair de son frère confrontait les lames de ses ailes, la créature sanguinaire qu'elle était n'avait aucune pitié, elle ne s'attendait cependant pas à recevoir en retour autant de cruauté. Peut-être avait elle oublié quelqu'un.

La situation lui échappait, Sahen vrillait devant ce manque de contrôle de la situation, le temps passé à se libérer n'était pas assez conséquent. Alors qu'elle s'apprêtait à de nouveau se libérer de son entrave, la voix et le rire de Uhen la firent soudainement tiquer, ses sourcils se fronce soudainement, et son visage se tourne vers son frère alors qu'un brin de conscience revint dans l'esprit de la Sanguinaire. Elle sentait comme un froid derrière elle, une menace invisible qui terrorisait son esprit, comme lorsqu'elle avait mit les pieds dans la Nécropole Stygienne, ses yeux s'écarquillent de stupeur, son corps se fige.

— Attend, Uhen, qu'est-ce que tu-...  

Prise par surprise, Sahen ne s'attendait pas à une telle technique de la part de son frère, justement car il ne s'agissait pas de son frère. Son éclair de lucidité face à la gravité de la situation l'empêcha de continuer les attaques envers lui, elle devait se protéger de l'autre.

Son bras ailé se fracasse devant elle, cherchant à parer les mortelles épines cherchant à viser son coeur. Non, le Vestige ne l'aurait pas aujourd'hui. Sahen se fige dans cette prison d'os, son visage se crispe : jambes, bras et abdomen se retrouvaient sous l'emprise d'une prison douloureuse : la pire entrave qu'elle pouvait encore connaître. Elle halète, son souffle se coupe le temps d'un instant, son rythme cardiaque manque de frôler l'hypertension. Ses iris se dilatèrent, Sahen montrait une incompréhension, un étonnement, une frayeur devant la situation : il avait manqué de lui ôté la vie, dans un combat d'arène ?



Mais Uhen n'était pas le responsable, son regard écarlate se mua en haine.

— Va te faire foutre, Vestige.  

Marmonne-t-elle dans sa barbe avant de cracher une gerbe de sang contre le sol de l'arène. Sahen utilise les dernières forces de son corps pour briser les entraves qui s'étaient enfoncée dans sa chair, utilisant ses propres os pour venir se défaire, modelant son corps pour s'extirper, et tomber soudainement, un genou au sol, accompagné de son poing, Sahen observe avec le regard livide le corps de son frère alors que le sien, proche de la rupture, semble se teinter d'un rouge vif, son propre sang. Sa vision se dédouble le temps d'un instant, et la voix de celle qu'elle était résonne dans son esprit, comme une leçon de morale de trop : Les démons de chacun s'empare de vos corps et font de vous des créatures trop dangereuses.

— Ferme la, toi aussi.  

Sa réponse elle, est bien claire, elle parle au vide - comme Uhen à son habitude. Sahen referme son poing et tente de se relever, il lui restes quelques minimes forces, certainement offerte par sa constitution, elle a gagné - au niveau règle, mais pour elle tout cela est une défaite amère envers l'Augure.

Résumé:

Les deux sauvages du clan Kaguya, fraîchement arrivés dans l'antre sacré des affrontements martiaux, comme leur homologue s'étant hissés au sommet de cette institution, ne perdirent aucun instant en bavardage ou en questionnement sur les objectifs de cette épreuve. Ils étaient bien ceux qui étaient attendus ici, les premiers pas sur le sol poussiéreux se transformant en une fraction de seconde en combat fratricide.

Le petit homme au haut-de-forme, perché sur son promontoire lui offrant une vue panoramique sur toute la zone, fut rejoint par deux autres silhouettes, encapuchonnées, restant légèrement en retrait. L'une semblait dotée d'une carrure bien imposante tandis que la deuxième restait d'une nature plutôt lambda, sa seule carrure ne permettant pas d'entrevoir une quelconque force herculéenne ou autre. Les juges étaient maintenant au nombre de trois. Du moins, trois silhouettes visibles.

Le détail fut d'une importance bien minime pour les deux hôtes se donnant corps et âme dans la bataille. La première peur des juges fut balayée lorsque Sahen ne fit preuve d'aucun état d'âme dans l'espoir de faire briller son frère. Ils recherchaient des guerriers, prêts à sacrifier leur propre sang et leur famille pour se hisser au sommet de ce monde souterrain. Ils en avaient maintenant deux sous les yeux, qui n'hésiteraient pas à sacrifier l'autre sur l'autel de la gloire. Un point important, le plus important.

L'ingéniosité du Sorcier fit également forte impression. Bien qu'ils avaient, pour tous, déjà vu plus impressionnant en termes de ravage au sein de l'arène, ils pensaient aux spectateurs qui adoraient les combattants rivalisant de créativité, déformant le terrain, terraformant complètement l'arène à leur besoin. Les Kaguya avaient cet avantage inné de pouvoir manier des os, qui étaient le péché mignon des sauvages criant leur euphorie dans les gradins. L'affrontement était telle une danse bien orchestrée, les deux opposants se connaissant parfaitement. Leur futur était tout tracé et les juges en avaient maintenant le cœur net. Hisser une fratrie au sommet pour les voir se déchirer pour entrer dans la légende, au point qu'un seul nom n'existe dans le firmament des artistes martiaux. Tant de possibilités s'ouvraient à leurs esprits en voyant le tableau osseux qui se peignait face à eux. Un autre homme allait être heureux de ces nouveaux venus, à n'en pas douter.

« Bravo. Le combat est terminé. Sahen sort vainqueur de l'affrontement. »

La petite voix amplifiée par le coquillage résonna dans les tribunes vides. Les deux silhouettes disparurent de nouveau dans les ténèbres à l'arrière du petit individu.

« Vous nous avez prouvé votre valeur et vos intentions ici. Tenez Sahen, je vous laisserai remettre ça à Uhen quand il se réveillera. Les soins sont à votre charge. »

D'un des Fuinjutsu englobant l'arène vint tomber un petit bandeau marqué du kanji 忍 Shinobi, symbole d'appartenance à l'Underground en tant que guerrier. L'hôte du Vestige avait fait ses preuves, les portes lui étaient maintenant ouvertes. De grandes choses attendaient le duo et les idées avaient déjà commencé à germer dans l'esprit des dignitaires de l'arène de légende.