Année cent quarante-huit-neuf.

Les affaires n’étaient pas bonnes. Le capitaine de l’Isamashi avait eu vent des complots d’assassinat à son encontre. Rien de surprenant, à vrai dire. Depuis l’incident qui lui avait coûté son œil droit à bord de son propre navire, il ne dormait que d’un œil. Son sacrifice moral ne suffisait pas à la Junte, les Kaguya voulaient ses os. Et c’était précisément pour cette raison qu’il allait s’attaquer à eux. Frapper avant d’être frappé, une stratégie qui, en temps normal, alimenterait un cycle de haine. Mais ce serait sans compter sur l’aide d’un tueur à gage. Il suffisait de s’allier à l’ennemi de son ennemi, pour renverser ce dernier.

Éclairées par des lanternes que les gardiens de l’Épave-Hurlante allumaient manuellement, découvrant parfois des cadavres au détour des ruelles, les rues de la cité flottante étaient toujours plongées dans la nuit noire un instant. C’était à cet instant le meilleur moment pour commettre des méfaits. Une heure où les mains caressaient les fourreaux et le sang parfumait l’air. La taverne était également plongée dans la pénombre à cette heure-ci. Dans un coin, loin des beuveries, le corsaire attendait son associé. Lors de son dernier passage au marché noir d’Ame, il avait entendu parler de ce shinobi qui versait dans les histoires les plus sombres de la Brume Sanglante.

Moyennant ses contacts, ainsi que quelques pièces d’or, il avait fait envoyer une lettre au dénommé @Yozora Momo. Il fallait dire que le mafieux avait des méthodes bien à lui. Bien que Seijirô n’appréciait pas particulièrement ces méthodes, il n’en avait que faire tant que cela lui permettait d’atteindre son objectif et n’interférait pas avec ses propres ambitions.

Ce n’était, au final, que la rencontre de deux criminels.

Lorsque son invité entra dans la taverne, il put se rendre compte de l’ambiance qui contrastait parfaitement avec l’aspect lugubre des rues extérieures. Ici, les corsaires de Mizu buvaient et fêtaient leurs conquêtes. Les vapeurs d’alcool se mélangeant aux chants de pirate chantés à cœur-joie, troquant leurs sabres pour des accordéons.

« Pile à l’heure… Bienvenue au Pavillon Noir, l’antre des pirates. Je vous en prie mon ami, prenez place. »

Le corsaire accueilla son associé afin qu’il prenne place. Seijirô était assis comme un roi sur son trône, entouré de bardes et de femmes. À ses pieds, un coffre au trésor orné des armoiries de la Foudre — son dernier butin. Il venait tout juste de rentrer d’expédition, un raid sur la seigneurie de Kaminari où il avait raflé une partie des trésors de la royauté. Il était évident qu’il n’aurait aucun mal à se payer les services de ce mercenaire. D’un regard, il intima à ses frégates et ménestrels de quitter la table.

« Qu’on apporte à boire à mon invité. »

Une chope de grogue fut posée grossièrement devant le nouvel arrivant.

« Navré pour ce raffut, c’est jour de fête. »

Lettre envoyée par Seijirô: